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24 février 2010

Lothringen ! de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet - 1994

Sans_titreLes Straub se font lyriques avec cette adaptation d'un roman de l'écrivain nationaliste Maurice Barrès : il y est question, à ce qu'on comprend, de l'invasion physique et culturelle de la Lorraine par les Prusses en 1870. Les habitants de Metz ont deux choix : où ils quittent la région, où ils deviennent allemands, avec le changement de langue qui va avec. Pour illustrer ce propos, les Straub plantent leur caméra dans les hauteurs de la ville, et se livrent à une série de panoramiques toujours aussi festifs, à 180°, ou à 180° puis retour, voire à 180° latéral puis léger recadrage vertical, ce qui est une audace insensée. Le texte de Barrès est dit d'une voix sépulcrale par des acteurs figés qui mettent leur point d'honneur à jongler avec la ponctuation des fois qu'on arriverait à comprendre les phrases simplement.

Bon. On comprend que les Straub ne sont pas des pro-Maastricht fervents, et que leur légendaire colère est dirigée cette fois contre cette uniformisation des cultures que promet l'ouverture européenne. Marrant de voir d'ailleurs qu'il existe destraub16ux versions du film, l'une en français, l'autre en allemand, comme pour mieux affirmer que leur attachement aux deux pays ne va pas de paire avec un hypothétique envahissement de l'un par l'autre. Mais on aurait bien aimé aussi que le film soit moins chiant, moins austère pour une fois : on pensait que le style franchement pompier de Barrès amènerait un lâcher-prise de la part des deux compères ; c'est le contraire qui se passe, Lothringen ! apparaissant comme un des films les plus fermés de leur oeuvre déjà guère joyeuse. Même lors des deux plans où apparait une actrice (une Française demandée en mariage par un Allemand, et qui va devenir le symbole de la résistance passive), aucune vie ne circule réellement, tout est raide et âpre. Je ne pense pas que l'Office du Tourisme de Metz puisse réutiliser ces plans rigoureux pour promouvoir sa ville, malgré l'effort des Straub pour capturer la jolie lumière des forêts ou les chants d'oiseaux. Ce cinéma est estimable, mais finit par fatiguer par tant de jansénisme formel.

Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

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