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15 février 2010

Les Vicissitudes de la Vie II (Kafuku kôhen) (1937) de Mikio Naruse

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Résumé de l'épisode précédent puisque Naruse avait fait, lui aussi, d'une certaine façon, son Kill Bill (nan, absolument rien à voir sur le fond, j'admets...) : Michiko et Toyomi sont amies; Michiko se marie mais pas Toyomi : celle-ci est en effet lourdée par son prétendant, Shintaro, qui lui préfère lâchement la moderne Yurie, plus riche au demeurant... Toyomi est enceinte mais n'en dit pas un mot à Shintaro, décidant de vlcsnap_892613garder l'enfant et de laisser celui-ci faire sa vie... Coup du sort, dès le départ de cette seconde partie, puisque par un furieux hasard, Yurie, qui vient fréquemment dans un magasin de fringues, se prend d'affection pour Toyomi qui y travaille. Les deux femmes s'entendent à la perfection et cèlent leur pacte d'amitié lors d'un déjeuner en se touchant le petit doigt (on en apprend tous les jours sur les coutumes nippones...). Toyomi apprend tout de même rapidement que cette fameuse Yurie est celle qui lui a piqué Shintaro; elle décide de ne rien lui dire et s'éclipse sans donner d'adresse, le temps d'accoucher. Mais la Yurie est pugnace, retrouve la trace de Toyomi qui vit dans un petit réduit et décide d'inviter celle-ci dans son immense baraque - Shintaro étant lui parti en France pour bosser. Toyomi, qui voit bien que cette femme a le coeur sur la main, accepte - pas bégueule -, sans jamais rien dire sur l'identité du père du gamin...  Shintaro revient enfin de son trip en France, tombe dans sa propre maison sur Toyomi avec le gamin dans les bras (on a vu des crises cardiaques pour des raisons moins flagrantes...), il reste vingt minutes de jeu, il va bien falloir que ça pète un moment et qu'on s'explique ! Mais c'est peut-être oublier que nos amis nippons peuvent régler les pires imbroglios dans une dignité terrible...

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L'accent est mis, cette fois-ci, sur l'extraordinaire gentillesse de Yurie qui s'occupe royalement de Toyomi et de son bébé ("une belle mère et un beau bébé... Pas besoin d'avoir un père !" lance-t-elle enjouée à une Toyomi pâle comme une neige molle... Tu parles d'une boulette, toi) mais également sur l'incommensurable sagesse de Toyomi qui accepte ce coup du sort sans jamais chercher à faire éclater la vérité. Ne rendant Yurie aucunement coupable de la situation, elle fait tout pour s'accommoder aux désirs de celle-ci qui la traite comme une soeur... Et, lors de "l'affrontement" final (je laisse le suspense, ouais), Toyomi se révèlera  franchement digne d'une Sainte-Vierge... L'absence de rancune à ce point alliée à ce sens du sacrifice, ça me fout carpette, personnellement...!

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Une seconde partie sans doute moins trépidante - seul le dernier quart d'heure est tendu comme une couche-culotte - mais bénéficiant toujours d'une mise en scène aussi subtile et soignée du père Naruse : le dernier quart d'heure, notamment, avec ces quatre personnages principaux rassemblés dans la même pièce, est une véritable leçon de cinéma en soi, rien que dans l'enchaînement des gros plans, de plus en plus serrés. L'ultime séquence, également, avec ces deux gamins au premier plan qui se chamaillent et que Toyomi vient tranquillement séparer (il ne sert à rien de se foutre sur la gueule, les enfants, faisons preuve d'un minimum de retenue et de tolérance...) est un condensé de toute la compassion et du zen dont elle a su faire preuve au cours des deux épisodes : elle a constamment pris sur elle sans jamais chercher à se plaindre, acceptant calmement les sales vicissitudes de cette chienne de vie, et ce, généralement, uniquement dans l'intérêt des autres... Une belle leçon dans le fond et dans la forme, ami Mikio, ça valait le coup d'attendre (des plombes) pour assister à un tel dénouement.      

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