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15 novembre 2009

Réglement de Comptes (The Big Heat) (1953) de Fritz Lang

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Du polar noir cent pour cent pur jus qui tient en haleine - chargée - de bout en bout, un vrai grand plaisir pour passionnés du genre. Fritz Lang n'a pas besoin de surcharger son film "d'effets de manche" inutiles et autres mouvements de caméra ultra complexes : une histoire de vengeance sèche comme un coup de trique, un inspecteur (Glenn Ford totalement absorbé dans son rôle) qui n'a pas l'air comme ça mais qui sait fracasser des tronches quand le besoin s'en fait sentir, des personnages marquants (un gros faible pour la distribution féminine : la femme au foyer douce comme un coeur, la vieille secrétaire claudicante le coeur sur la main et surtout ce superbe personnage de Debby au coeur divisé qui finit par pencher du bon côté), un casting au taquet (Lee Marvin 15 ans et déjà un gros beauf violent, Alexander Scourby le big boss de la pègre à la tronche de vrai fumier, Gloria Grahame (Debby, bis) qui passe avec le même brio de la ravissante idiote bourrée à la vengeresse masquée : inoubliable). C'est rythmé en diable tout en sachant prendre patiemment son temps au détour de chaque scène, de soudains coups de sang de violence venant tout d'un coup déchirer la pellicule comme pour mieux marquer les esprits. Pas une once de gras.

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Connaissant le père Fritz Lang, on s'attend à du lourd, et on serait presque un tantinet déçu à la vision de la première demi-heure : un inspecteur, Dave Bannion, enquête sur un flic qui s'est suicidé - ce dernier avait écrit une lettre à la police avant de se faire exploser la cervelle, une lettre aussitôt subtilisée par sa femme pour faire chanter le big boss de la pègre. Ca, Bannion, il ne le sait point mais il sent bien que tout n'est pas clair dans le bazar. Contacté par une prostituée amie du suicidé, il n'apprend pas grand-chose de plus sur la vie de cet homme. Seulement la gazelle est retrouvée étranglée dans les heures qui suivent, et le Dave commence à sentir le coup fourré. Il continue de fouiner, se voit taper sur les doigts par son boss pour avoir dérangé la veuve et recevoir des menaces chez lui, par téléphone. Dave est un gars patient, mais faut pas pousser : il se rend chez un gros patron de la pègre, sachant que ce dernier tire les ficelles de la ville. Quand il fout un gros pain au garde du corps du type, on pousse un ouaahhh de bonheur comme si, tout d'un coup, Fritz avait décidé d'appuyer sur l'accélérateur. Dave pense avoir marqué les esprits - on va pas l'emmerder à faire son travail - jusqu'à ce qu'il écoute un gros boummmmm dans la cour de sa baraque : sa femme venait juste de démarrer la voiture, notre coeur tressaute avec le sien : nooooon! Dave Bannion est dorénavant lâché comme un fauve, balance son insigne de flic au travers de la tronche de son supérieur, si justice il y a, c'est lui qui la fera !

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C'est terriblement "classique" - ou tragique -: le ressort de la vengeance est remonté, Bannion ira jusqu'au bout pour faire tomber qui de droit... de façon musclée s'il le faut. La grande idée est, entre autres, ce magnifique personnage de Debby, au départ simple potiche inconsistante - c'est la petite amie de Lee Marvin (petit malfrat à la solde du boss), voyez le genre -, qui va sortir elle-même des rails. Après une altercation entre Lee et Dave dans un bar, elle décide, totalement gratuitement, de suivre ce dernier jusqu'à son hôtel. On ne sait pas trop ce qu'elle recherche en fait, si ce n'est prendre plaisir à jouer les charmeuses "au-delà des frontières" du bien et du mal... Malgré un numéro suggestif de la demoiselle sur le lit du Dave, ce dernier reste de marbre (chapeau bas) et elle repart bredouille chez le Lee. Seulement le Lee l'a fait suivre et, devant ses mensonges, lui balance un broc entier de café bouillant dans la face : café bouillu, visage foutu - ou juste à demi. Un profil d'ange qui cherche le rachat auprès de Dave - elle va tout balancer des infos et l'aider dans sa vengeance -, un profil totalement défiguré comme rongé par le passé. A demi masquée, la Debby est prête à racheter ses fautes et on jubile devant cette créature cinégénique qui passe de l'enfer à la rédemption. Efficace, tranchant, implacable. A déguster bien serré - dans son fauteuil.      

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Commentaires
P
Je suis une femme et m'appelle Proutinella, pas Prouton !
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M
Plus que parfaitement d'accord. Tu vois, Prouton, mon gars : tout arrive. <br /> <br /> Un des films noirs que j'ai le plus de plaisir à voir et revoir. <br /> <br /> Pureté. Fluidité. Grâce. Pas une once de gras.
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P
Vous avez raison Pasteur - vous êtes vraiment Pasteur ? - et je recommande le livre d'analyse de séquences de "Règlement de comptes" de Jean Douchet. Passionnant.<br /> <br /> Pour moi, ce film est l'un des vingt plus beaux films du monde.
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P
Un des plus grands films noirs américains, un des trois meilleurs films de Lang, un grand film de femmes (elles ont toutes, comme dans "La cinquième victime", un rôle prépondérant et mènent les actions qui font avancer l'histoire), d'une violence inouïe.<br /> <br /> La mise en scène de Lang ne fait jamais (JAMAIS) d'effets voyants (à part l'expressionnisme de "M") mais est d'une finesse, d'une richesse millimétrée absolument ahurissante.
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