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15 novembre 2009

Hangman's House de John Ford - 1928

vlcsnap_2009_11_12_23h15m34s143Encore un bien beau film muet de notre Ford, le dernier de sa carrière, et même si je ne suis pas un grand fan de ce Victor McLaglen que le cinéaste semblait, lui, beaucoup aimer, je suis resté captivé par les inventions de la chose. Ce film semble rassembler les inspirations de pas mal de ses oeuvres passées, puisqu'on y retrouve quelques éléments désormais repérés : la course de chevaux, l'Irlande, le gusse qui revient ou qui part à la guerre, le patriotisme et les bourre-pifs. Ici, donc, on a droit à un bougre qui, sitôt rentré des combats, repart dans son Irlande natale pour régler son compte à un félon de la pire espèce qui a épousé puis abandonné sa soeur. Très efficace scène d'exposition, dans laquelle Ford utilise parfaitement les possibilités du muet : le soldat fêté comme un héros dans un banquet reçoit un télégramme, son visage se ferme doucement, puis il se lève, et balance un intertitre super radical : "Excusez-moi, messieurs, je dois rentrer d'urgence dans mon pays : il me faut tuer un homme".

HangmansHouseVictorMcLaglen_pngA partir de là, c'est les ambiances champêtres habituelles de Ford, avec force personnages hauts en couleurs et buveurs de bière, moult chevaux crinière au vent, et verdure des champs qui passent même en noir et blanc. Avec cette fois, une bien jolie atmosphère qui vient se greffer là-dessus, qu'on pourrait qualifier de gothique anglaise : les paysages sont envahis par une brume rasante parfaitement fantomatique, et les motifs fantastiques ne manquent pas, à commencer par un des personnages principaux du film : une maison effrayante que n'auraient pas reniée Stevenson ou Poe, dont les fenêtres-yeux ne s'allument que lors de deuils (ou de mariage, ce qui semble revenir au même dans ce film). L'héroïne (June Collyer, rigolote dans sa dignité outrée) est elle aussi dans cette veine-là, victime sacrificielle de la vanité des hommes qui sait toujours garder sa superbe. Quant au méchant de l'histoire, il est génial, absolument immonde quoi qu'il fasse : summum de la cruauté pour Ford et pour tous les personnages : il tue de sang-froid un cheval, ce qui semble beaucoup plus grave chez les Irlandais que de battre sa femme.

HANGMANSHOUSEavi_000344719Belle histoire donc, riche et esthétiquement très marquée, que Ford dope par quelques idées de mise en scène assez barrées. La palme revient à ce plan sur un homme devant sa cheminée, mais filmé de l'intérieur de celle-ci, derrière les flammes. Le cadreur a dû se cramer les moustaches, ou alors y a un truc, peut-être. La cheminée sert d'ailleurs d'écran de projection à tous les fantasmes de ce type (un juge inflexible et dur en fin de vie), puisque tout son passé s'y projette, ainsi que toutes ses craintes de l'au-delà. Il y a aussi des travellings vraiment souples pour l'époque, une course de chevaux tonitruante (peut-être moins réussie pourtant que celle de Shamrock Handicap), et des petits détails de situations craquants comme tout (le prisonnier qui suit la course depuis sa prison). Un vrai plaisir simple et dynamique.

Commentaires
G
S'il n'était pas taxé çà et là sur le net de "arguably Ford's weakest film", je crois que The Brat constituerait le Saint Graal fordien par excellence ! Il semble en effet impossible de localiser ce film, mais au vu de sa réputation, nous sommes à l'abri du delirium tremens... En attendant, Straight Shooting, Cameo Kirby et une petite dizaine d'autres pelloches sont encore à savourer par bibi. À bientôt pour de nouvelles ergoteries canassoniques !
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G
It is, it is. Je vois qu'on a affaire là à un vrai fan compulsif comme nous le sommes nous-mêmes. Mother Machree, il n'en reste que 30 mn, mais vraiment de toute beauté, oui, il faut vous dégoter ça à tout prix. Quant aux deux autres (surtout Cameo Kirby), c'est assez terne, c'est exact. Ceci dit, il faut les voir quand même, hein, si on veut être un vrai fordien. Si jamais, dans vos recherches, vous arrivez à mettre la main sur The Brat, Giuseppe, on vous envoie un pin's et on vous épouse.
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G
Oui, vu et apprécié Bucking Broadway, The Iron Horse, Four Sons et Just Pals, avec un petit coup de coeur pour ce dernier que j'ai trouvé franchement charmant et enlevé. Par contre, Mother Machree est essentiellement perdu non ? Je ne suis pas parvenu à en dégotter les vestiges pour le moment en tout cas. Sinon, pas vu Straight Shooting et Cameo Kirby mais en lisant vos avis je n'ai pas l'air de louper grand chose... isn't it ?
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G
Vous avez vu déjà Bucking Broadway ? Just Pals ? The Iron Horse ? Mother Machree ? Four Sons ? Non, parce que tout ça aussi, c'est du lourd. Mais bien d'accord avec vous sur ces choix (je reste plus fan de 3 bad Men pour ma part).
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G
Et ça y est, je tiens mon chouchou de la période muette de Ford, qui s'en vient dédaigneusement détrôner 3 Bad Men. D'accord en tous points sur votre chronique, à l'exception de Victor McLaglen que j'adore (tout comme je suis fan de cette autre grosse brute de Ward Bond, génial chez Ford comme ailleurs).
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