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1 décembre 2008

La grande Ville (Mahanagar) (1963) de Satyajit Ray

Vrai coup de coeur pour ce film de Ray qui n'en finit jamais de m'émerveiller. Une histoire pourtant d'une belle simplicité : une femme indienne qui, traditionnellement, n'est pas censée travailler mais doit rester au foyer, décide d'arrondir les fins de mois difficiles en allant bosser. En prime, elle a le courage de s'interposer contre les injustices, quitte à en payer elle-même le prix. Son combat personnel et professionnel est une telle leçon qu'on en reste, d'une part, baba et, d'autre part, on finit presque par se demander si, aujourd'hui, beaucoup de personnes auraient autant ce sens du sacrifice dans la tourmente économique... 

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Arati (l'extraordinaire, le mot est faible, Madhabi Mukherjee (Charulata, Le Lâche)) est dévouée envers son époux;  elle voit bien néanmoins que ce dernier trime pour subvenir aux besoins de leur enfant, ainsi que de la jeune soeur et des parents (de son mari) qui vivent avec eux dans une tristoune maison. Elle décide de chercher un taff et reçoit l'accord de son homme, un peu gêné, d'autant que ses propres parents vivent super mal la chose. Vendeuse, elle fait du porte à porte pour vendre une sorte de métier à tisser et ne tarde pas à sortir son épingle du jeu... Seulement, même lorsqu'elle ramène son premier salaire, les parents continuent de faire la gueule; son mari, qui souhaiterait un peu reprendre la face, d'autant que le chtit réclame de plus en plus l'attention de sa mère, lui demande de quitter son boulot... Il a l'impression qu'elle lui échappe de plus en plus (et il a tort) surtout quand il trouve dans son sac à main, scandale, un tube de rouge à lèvres. Respectant et aimant son mari, elle va, la mort dans l'âme, à son taff avec une lettre de démission... Seulement, coup du hasard, son mari perd entre temps son travail dans une banque. Elle garde son job, demande même pour la route une augmentation - qu'elle obtient -, mais devient complètement vénère quand elle se rend compte qu'on vient de licencier une de ses collègues, injustement. Impulsive, la bougresse dit ce qu'elle en pense à son boss qui fait les gros yeux. Celui-ci ne cédant en rien sur sa décision, elle démissionne derechef, nom de Diou... La fin est craquante comme tout : elle retrouve son mari - les deux sont au chômage, po la fête du slip - mais leur confiance l'un en l'autre, leur amour l'un pour l'autre, les persuadent qu'il devrait bien finir par retrouver un boulot dans cette grande ville... L'Arati nous scie, et on lui tire notre révérence.

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Avec une mise en scène d'une immense sobriété et d'un étonnant réalisme, Ray nous bouleverse avec la trajectoire de cette femme qui impose peu à peu ses opinions, tout en cherchant à ne jamais blesser les siens. La scène où elle regarde son reflet dans un miroir avec sa première paye à la main est d'une densité éblouissante. Son beau-père, empêtré dans ses traditions (n'acceptant point l'aide financière de sa belle-fille mais prêt à mettre sa fierté personnelle au rencard), est beaucoup plus pathétique : il fait la tournée de ses anciens élèves pour leur demander un service gratos, voire de l'argent, estimant qu'il a contribué à leur succès (cela dit, ne cotisant point pour la retraite, il serait temps que je constitue un fichier, moi... eheh - ok ça va je plaisante - pour vos dons, vous avez l'adresse e-mail). Cela va plutôt mal finir pour le vieux, ses démarches lui étant presque fatales...  Beaucoup plus touchant, les rapports entre les deux époux que Ray capte avec une grande intensité : malgré les légers petits moments de flottement, quand le mari se demande si sa femme n'est pas en train de changer, on ressent toujours un lien très fort dans leur relation - le jeu totalement naturel de Madhabi Mukherjee, ses regards pleins de volonté et d'empathie, y étant pour beaucoup... Bon, je suis décidément dans une grande période Ray !   

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