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Shangols
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12 septembre 2008

LIVRE : Catch 22 de Joseph Heller - 1955

get_imgAyant beaucoup entendu parler de ce livre mythique en termes élogieux, comme un skud anti-guerrier qui n'aurait pas pris d'âge, je m'attendais à passer un moment très dur, un truc à la Johnny got his gun. Eh bien Catch 22 est beaucoup mieux que cela.

Tout commence par une satire extraordinairement réussie à la M.A.S.H. sur l'absurdité totale de la guerre, vue par le biais de ses bassesses hiérarchiques. La pleïade de personnages inventés par Heller est parfaite, ils sont tous caractéristiques, symboliques en même temps que parfaitement dessinés : on va du "bas" de l'échelle (Yossarian, l'anti-héros, simple soldat) au haut (toute la série des généraux, caporaux, sergents, etc.), en passant par les cuisiniers, les commerciaux, les putains, l'aumônier, etc. Le trait est très gros, les situations improbables. Mais il y a un tel brio dans l'invention et les dialogues, et une telle jubilation dans l'abject et le non-sens que la critique politique passe parfaitement bien. Le livre est vraiment provocateur, vraiment "dangereux". Par la répétition des mêmes actes et des mêmes mots, et par un goût pour le "fil en aiguille", pour le "pied de la lettre", Heller fusille tout : la lâcheté, l'ambition, la bassesse, le courage, le patriotisme, le goût du pouvoir, etc. Les personnages sont minables et sont plongés dans une situation minable (la guerre), le lecteur devient obligatoirement fou furieux.

Et puis, petit à petit, le récit se fait beaucoup plus sombre, tout en conservant son aspect dérisoire et absurde. Au détour d'une scène, boum, on fait l'expérience de ce que c'est réellement qu'un combat, qu'une bombe qui explose, qu'une mort, que des tripes qui sortent d'un corps. Le scénario quitte doucement ses références humoristiques (Tex Avery autant que Wilde) pour affronter son vrai sujet : le courage, la rebellion, le refus, l'insoumission... Les 200 dernières pages (ah oui, c'est un pavé) sont sombres, mélancoliques, violentes, desespérées. Et pourtant, jamais on ne cesse de rire (très jaune) devant ces non-sens hilarants.

Chapeau à Joseph Heller pour son intelligence et sa subtilité. Un des plus beaux livres sur la bêtise de la guerre.  (Gols 28/08/06)


cdf3024128a0fcec0b4cf010Un bon petit pavé pour la plage qui est un véritable bonheur de lecture. L'ironie et le cynisme font mouche tout au long de ces pages où les discussions qui tournent en rond sont à l'image de l'absurdité et de la vicissitude de la guerre, de n'importe quelle guerre. Le personnage principal Yossarian est un fouteur de merde de la plus belle eau, comme dirait mon camarade, un empêcheur de tourner en rond, ce qui en fait un des anti-héros les plus attachants de la littérature américaine de ces dernières décennies. Il affirme toujours haut et fort les quelques principes qui lui restent et cela donne quelques réflexions plutôt savoureuses dans le contexte : "La patrie était en danger, et Yossorian compromettait ses droits imprescriptibles à la liberté et à l'indépendance en ayant le culot de vouloir les exercer." Plus les autres personnages sont atteints du syndrome de l'honnêteté et de la compassion - ce pauvre aumônier -, plus ils se font bouffer tout cru par cette hiérarchie militaire où la connerie et les intérêts personnels prospèrent. La galerie de portraits est savoureuse, à l'image de cet incroyable Milo, simple soldat en charge du mess, qui monte un business international fait de petits trafics en tout genre. La prochaine arme de l'après-guerre sera l'argent et cet individu sans complexe (il attaque même son propre camp à grands coups de bombes lâchées par des bombardiers américains) préfigure magnifiquement tous les travers de cette future mondialisation  économique à laquelle nous assistons pantois. C'est formidablement drôle malgré tout, et une petite pointe d'optimisme, grâce à cet humour cinglant, finit même par triompher. L'incroyable structure du roman est à l'avenant, chaque chapitre revenant sur un épisode à peine élaboré quelques pages plus tôt : cela traduit parfaitement cette impression de cercle vicieux, de déjà vu infernal dans lesquels ces malheureux soldats subalternes, condamnés à mort d'avance, s'enferrent. Bref ce livre est incontournable, foi de Shang. - et de Gols.  (Shang 12/09/08)   

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