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12 septembre 2008

Toutes ses Femmes (För att inte tala om alla dessa kvinnor) d'Ingmar Bergman - 1964

foratt1On n'attendait pas du tout le bon Ingmar dans cette veine-là, et il faut dire que ça fait bien plaisir de le voir détendre ses bretelles quand il nous a tant habitués à l'austérité. Toutes ses Femmes est une grosse farce burlesque, à deux doigts de la pantalonnade totale, multipliant des gags à la Blake Edwards sans aucun complexe. Le sujet reste très bergmanien : un musicien de génie est reclus dans son immense propriété, entouré de son harem d'admiratrices (ça va d'une vieille mécène à une bonniche légère) ; un biographe tente de percer le mystère de la vie de ce prodige, mais va d'échec en échec. Une telle trame pourrait déclencher des tonnes de solennité pesante chez Bergman, un de ces essais sur l'incompatibilité entre création artistique et vie amoureuse, une réflexion sur l'inaccessibilité de l'artiste, etc. Mais là, non : dès les premières secondes, un plan-séquence fixe tout en rigueur qui se laisse déborder par la traitement comedia dell'arte du jeu d'acteurs, on se retrouve sur le cul devant le lâcher-prise du scénario, et on se marre.

imageEt ça va continuer comme ça jusqu'au bout : notre biographe se prend les pieds dans les tapis, se baigne dans le plan d'eau avec une bouée-canard, chante comme un salaud des airs d'opéra dans son bain moussant, se déguise en femme ou en abat-jour pour espionner sa victime,... rien n'arrête cet étonnant entrain. Les gags sont souvent très bons, aussi bien les plus basiques que les plus raffinés (une auto-censure d'une scène de cul, remplacée par une scène de danse minable, une fin ravageuse digne du théâtre de boulevard). On dirait The Party chez les intellos. Même si le tout n'exclue pas une grande maîtrise et un grand sérieux dans la mise en scène, on sent Bergman se taper sur les cuisses en tentant des artifices impossibles : accélération des images comme dans Benny Hill, musique jazz tonitruante qui vient pulvériser les notes de Bach, direction d'acteurs clownesque et radicalement légère. En parlant d'acteur, Jarl Kulle, que je n'avais pas l'heur de connaître, est excellent, une sorte de physique à la Pee-Wee avec des poses de dandy à la George Sanders, véritable élecron libre qui semble tout à fait à l'aise vis-à-vis des situations impossibles qu'on lui fait jouer : il traverse tout ça avec une grâce et une joie communicatives.

Bref, on ne peut que regretter que Bergman n'ait pas plus creusé cette veine résolument burlesque (je n'ai pas encore tout vu, remarquez, je peux avoir des surprises). Il y est aussi bon que dans ses arides chefs-d'oeuvre.

l'odyssée bergmaneuse est là 

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