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Shangols
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4 août 2008

Tony Takitani (2004) de Jun Ichikawa

Seule oeuvre cinématographique entièrement adaptée d'une nouvelle d'Haruki Murakami, il faut reconnaître à Jun Ichikawa l'aptitude à livrer un film feutré, sans esbroufe, zen comme un étang de lotus au petit matin. Les pointes d'humour et de singularité murakamiennes sont distillées au goutte à goutte -de microgoutte en microgoutte même- et cette adaptation raffinée, si elle possède un univers bien propre à elle, peut aussi lasser, au bout du compte, par ses parti pris formels.

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On passe sur l'enfance de Tony en douceur en évoquant la figure de son père, jazzman à Shanghai. Il perd sa mère quelques jours après sa naissance et l'histoire de sa vie se déroule dans une grande solitude, son père étant souvent sur la route. Le Tony se dévoue très tôt au dessin (un peu bizarre de le voir dès son adolescence incarné par cet acteur, Issei Ogata... d'une cinquantaine d'année, qui, d'ailleurs, joue également le rôle de son propre père) et rencontre finalement une bien jeune et jolie nipponne. Littéralement abasourdi par sa façon de porter ses vêtements, il ne tarde point à vouloir la conquérir. Il y parvient sans se douter que cette dernière est atteinte d'une véritable folie douce à la vue de vêtements et de chaussures - vous prenez votre femme, vous pouvez multiplier par mille. Lorsque celle-ci disparaît, il se met à chercher une femme pour porter tous ces vêtements orphelins...

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Porté tout du long par une légère musique au piano signée Ryuchi Sakamoto, le film alterne essentiellement des plans fixes et surtout de lents travelling latéraux allant de gauche à droite qui soulignent parfaitement cette existence allant tranquillement son train. Une vie - pratiquement - sans accident qui se déroule avec la même lenteur et la même monotonie qu'un tapis roulant. Le film est commenté en voix-off, les personnages venant parfois prendre la parole pour achever certaines phrases : cela crée une sorte de discours indirect libre du meilleur effet, même si cela devient un peu trop systématique. Quelques dialogues également où l'on devine la patte de Murakami viennent émailler le récit. Bref, quelques idées conceptuelles cohérentes, une magnifique scène en plan-séquence lorsque une jeune fille sélectionnée vient essayer les trois milliards de vêtements et s'effondre en larme de bonheur dans cette caverne d'Ali baba féminine - son fantôme qui hante plus tard la pièce est aussi un joli moment - mais il faut avouer qu'à l'exception de cette séquence, notre regard a un peu trop tendance à finir par glisser sur ce film qui manque cruellement d'aspérités. Un essai en demi-teinte, tout de même intéressant, en attendant le chef-d'oeuvre de Gols, si le Murakami finit par lâcher les droits...   

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