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15 juin 2008

Les Baisers de Secours de Philippe Garrel - 1989

18887446_w434_h_q80Avec Les Baisers de Secours, on est dans la veine intellecto-intimiste de Garrel, et je dois avouer que c'est pas ma préférée. Dialogues à rallonges, prises de têtes genre "je t'aime/et pis non/et pis si", affres existentielles qui rendent un peu sceptique, bref du cinéma parisien qui ne concerne que celui qui le fait, si on veut être méchant.

Pourtant, on est très loin de l'énervement éprouvé à la vision de La Naissance de l'Amour, gavant cliché des amours concernées. Ici, un charme allangui se dégage de cette belle photo, de cette musique jazzy absolument mélancolique, du jeu atone de Garrel, et même du sujet lui-même. Toujours plus autobiographique, le gars implique cette fois-ci toute sa petite famille dans le projet, et ça donne un troublant jeu de miroir entre réalité et fiction qui fait son effet. Garrel joue un cinéaste qui veut tourner un film sur son couple ; mais pour jouer sa femme, il choisit une autre actrice (Anémone) ; d'où questionnements profonds sur la teneur de l'amour éprouvé, d'où rupture sèche, d'où réconciliation fragile etc. Garrel se plaint à papa (Maurice est comme toujours magnifiquement émouvant), sourit tristement à fiston (Louis, baisersdesecours016 ans, lumineux), et court après madame (Brigitte Sy, un peu soûlante). Voilà. Joli sujet, finalement, que Garrel met merveilleusement en dialogues : les deux ou trois rencontres avec le père égrennent quelques réflexions sur la vie et le cinéma que n'auraient certainement pas reniées un Truffaut ou un Eustache ; les scènes de simples regard du père sur son môme sont mignones comme tout, et tristes comme un jour de pluie. Le jeu de Garrel est pour beaucoup dans l'infinie douceur du film, il est poignant sans rien faire : petite voix chaleureuse, mutisme de grand garçon perdu, désespoir buté et silencieux, c'est un très joli personnage qu'il fabrique là (lui-même sûrement).

Bon, par contre, la scène de dialogues croisés entre hommes (forcément artistes, intellectuels et baisersecoursdépendants) et femmes (forcément fortes, primordiales et admiratives de leurs mecs) fatigue franchement, une suite de clichés sur les rapports entre les sexes qu'on croirait piqués aux Brêves de Comptoir de Gourio. Et puis il y a ces éternels plans sur des femmes plongées dans des réflexions passionnantes (ai-je le droit d'aimer si j'aime sans aimer celui qui aime que je l'aime sans m'aimer, genre), archi-usés et fatigants. Pour ces moments chiants, Les Baisers de Secours passe dans la catégorie des Garrel évitables ; pour la sombre beauté des autres, il reste tout à fait regardable. C'est ce qui s'appelle une critique tiède.

Garrel soûle ou envoûte ici

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