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8 mai 2008

Frankenstein de James Whale - 1931

Frankenstein_and_monsterJe n'avais pas revu Frankenstein depuis 3 ou 4 ans, et je tiens ici à m'en excuser publiquement. J'ai beau le connaître à peu près par coeur, c'est toujours la même marrade à chacune de mes visions. C'est l'archétype du film d'épouvante des années 30, qui se prend au sérieux comme c'est pas permis, qui traite les acteurs par-dessus la jambe et se consacre uniquement au plaisir du spectateur : on imagine la jeune fille de 1931 se serrer à la vue de l'horrible Boris Karloff contre le garçon qui a lâché 3 cents pour l'emmener au cinéma, but évident et honorable de ce film de genre comme on n'en fait plus. Toute une époque.

Frankenstein_viLe film est une succession de scènes cultes, depuis le "It's aliiive" brâmé par le docteur Frankenstein jusqu'à la confrontation finale dans le moulin, depuis les premiers pas du monstre (je suis le spécialiste : il faut faire partir la tête avant le corps, et garder les bras le long du buste) jusqu'à l'inénarrable rencontre avec la petite fille (la bougresse jette gentiment une fleur dans le lac, l'autre la balance à la baille). Boris Karloff, impérial dans sa composition, invente un mix entre David Douillet et Mathilde Seigner, le clou bien fiché en travers du cou, les faux cils ajoutant une touche érotique bienvenue à son personnage : il est énorme, alors même que le film lui donne peu de chances d'exister. Il a une scène inoubliable de rencontre avec la fiancée du docteur, qui donne au niveau des dialogues : "Iiiiiiiiiih" / "Groueeeeuuuu", ce qui résume bien la situation avec peu de mots. Visiblement, pour Whale, autant d'épaissimageeur psychologique chez les femmes que chez le monstre (elles sont réduites à rire bêtement ou à hurler de terreur). A noter quand même que le docteur trouve pour sa créature un cerveau valide (enfin, limite valide, c'est le même que mon voisin du dessous, en gros), mais est infoutu de lui dénicher un costume à sa taille. Il a l'air franchement tarte avec sa veste boutonnée à l'arrache et ses bras au niveau des chevilles. Mais faut dire que le gars affiche une pointure de chaussures de 67, pas simple à dénicher au fin fond du Tyrol. En tout cas, Karloff montre une belle santé, notamment dans la scène où il s'enfuit de la demeure de Frankenstein (toute en angles et en escaliers sordides) : une façon de bouger incroyable, une grâce presque féminine, une tendresse inattendue.

sjff_01_img0185Si on oublie le huitième degré, le film tient quand même pas mal de promesses, surtout sur la fin, où la traque du monstre par les villageois est très enlevée : plongées audacieuses, sens visuel imparable avec ces torches qui trouent l'obscurité, beaux mouvements de foule... Les cyclos sont pleins de plis, mais le fait est que ces à-plats 100% studio font leur effet. Whale a encore un pied dans le muet, et économise les dialogues pour favoriser la lumière, l'effet visuel, la force de l'image. Le bourgmestre, copie conforme des films de Murnau, vaut son pesant d'emphase et de jeu théâtral. Un grand plaisir à tous niveaux, qu'on choisisse de se taper sur les cuisses ou de voir du cinéma. 

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