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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
26 janvier 2008

Still Life (Sanxia haoren) de Zhang Ke Jia - 2006

02Lion d’or au dernier festival de Venise, il faut avouer que le cinéma de Jia Zhang Ke est moins spectaculaire qu’un James Bond (mais cela a toujours été une condition sine qua non de succès à Venise). A l’image du titre anglais (est-ce le côté « nature morte » ou le fait qu’il y ait « encore de la vie » qui intéresse le réalisateur… ? un peu des deux sûrement), le film met en scène des relations entre des gens qui comme les immeubles lâchent leur dernier soupir. Deux histoires parallèles : un homme revient plusieurs années après dans la ville où sa femme et sa fille se sont barrées. Comme la maison de celle-ci est déjà sous l’eau, la quête pour la retrouver s’annonce difficile… L’homme finira par la revoir mais au lieu de recommencer une nouvelle histoire, la femme04_art2 y mettra un point final. De même, une jeune femme revient dans cette ville pour retrouver son mari qui l’a abandonnée depuis deux ans (il joue un rôle très actif dans cette ville en complète dissolution) mais lorsqu’elle le croisera sur l’un des fameux barrages des trois Gorges, ce sera pour lui annoncer qu’elle demande le divorce et désire vivre avec un autre homme ; on l’aura compris, pour Jia Zhang Ke ce barrage constitue plus l’engloutissement de tout un monde qu’un grand bond en avant… Plusieurs petites séquences d’un humour (chinois) très caustique viennent illustrer ce qu’il pense de cette société « en mutation » : un magicien transforme le papier en euros puis en monnaie chinoise, des acteurs de l’opéra chinois fardés dans leur costume jouent à la 03PSP et les quêtes de deux personnages sont sans cesse interrompues par un ballet de démolition : avant l’immersion, on s’acharne à mettre en pièce maisons, immeubles et usines pour récupérer un fatras de matériaux en tout genre ; le bruit de la masse sur le ciment « rythme » le film de bout en bout. Tout comme dans « The World », on retrouve une même volonté de montrer en quoi le téléphone portable fait désormais « corps » avec l’individu, et si tout le monde a le sien, la communication n’en est pas moins facilitée ou meilleure : quand la discussion « tombe à l’eau » deux personnes en face en face s’appellent pour faire écouter le bruit de leur sonnerie ; ou encore cette séquence d’une ironie assez noire où grâce à la sonnerie d’un téléphone on découvre le cadavre d’un ouvrier sous une tonne de briques, comme si le téléphone avait plus de résistance (plus de vitalité donc plus de01 réalité ?) qu’un être humain. De bien belles images malgré un décor de misère, de lents panoramiques qui traduisent bien cette fatalité du « progrès » qui gomme tout sur son passage, un film chinois de grande tenue qui nous montre vraiment la réalité derrière les façades. Le film qui n’hésite pas à attaquer de front le problème des dédommagements pour les habitants délogés (ça part grave en quéquette…) est sorti directement (sans censure) en DVD en Chine. Pas de sortie en salles, comme si les Chinois eux-mêmes ne cherchaient plus depuis longtemps à se pencher sur la dure réalité de leur quotidien. Un jeune réalisateur qui tient toutes ses promesses. Un poil chiant peut-être, j’avoue.   (Shang - 04/01/07)


still_life_china

Heureusement que mon collègue Shang est là pour vous parler un peu intelligemment de ce film, parce qu'il ne faudra pas compter sur moi : je crois que je suis tout à fait étranger à l'univers de Jia Zhang Ke. Je m'étais déjà ennuyé comme un rat mort pour The World, et re-belote avec celui-ci. En fait, je ne comprends rien à Still Life : à part les deux destins croisés (et encore, j'ai cru un bon moment que la femme de la deuxième partie était celle que le héros recherchait durant la première), tous les symboles, toutes les tentatives de Jia me passent à côté, voire à des kilomètres au-dessus. Le film est parsemé d'idées, très certainement d'une haute portée allégorique, mais qui me laissent absolument perplexe. Une bouteille d'eau qui circule, un funambule, un bâtiment qui décolle comme un vaisseau spatial, des bastons organisées d'un immeuble contre l'autre, des inscriptions qui apparaissent parfois sur l'écran ("thé", "alcool", "bonbons", "cigarettes"...) : tout me laisse sans voix. Si encore ces symboles amenaient une poésie, je ne râlerais pas trop : mais ils me semblent simplement volontairement abscons, et j'ai l'impression que le Jia fait un peu son mariole avec ces motifs sybillins. Le film est visuellement agréable, je ne dis pas, ça a l'air joli ces Trois Gorges, malgré l'aspect discutable de leur création. Mais les yeux ne sont charmés que s'ils sont ouverts (Confucius), et en l'occurence, trop de brouillard brouille la vue. Pour vous expliquer Still Life, adressez-vous donc à mon éminent collègue, qui a l'air d'avoir aimé ça ; je me retire bien volontiers.   (Gols - 26/01/08)

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