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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
25 janvier 2008

Mademoiselle Julie (Fröken Julie) (1951) d'Alf Sjöberg

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Grand Prix du festival de Cannes en 1951, il faut avouer que cette adaptation d'une oeuvre d'August Strindberg est terriblement audacieuse sur le fond et époustouflante dans la forme. Cette histoire d'amour entre la jeune fille du château et un servant est une réflexion à la fois sur les différences de classe et sur la libération de la femme. Fin tragique certes, mais une oeuvre emplie d'une vivacité, d'une liberté de ton, d'un souffle cinématographique qui parvient à mêler superbement et avec une extraordinaire fluidité, scènes du passé, séquences de rêve, avec le présent des personnages. Réellement bluffant.

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On a presque du mal à croire qu'il s'agisse d'une adaptation d'une pièce de théâtre, tant Sjöberg dynamite la structure narrative, multipliant les changements de lieu et les strates du temps: si le procédé d'enchaîner le passé et le présent dans un même plan séquence, en déplaçant subtilement la caméra selon différents angles, n'a rien de révolutionnaire, il faut reconnaître avec quelle maestria le réalisateur y parvient. Julie est hantée par un rêve de chute et une enfance traumatisante : difficulté des rapports entre ses parents - issus déjà de classes différentes, une mère résolument indépendante qui passera son temps à la déguiser en garçon, affection de son père qui tentera de se suicider suite à ses problèmes de cœur devant les yeux de son enfant unique, autant de scènes qui la marqueront au fer rouge. Jean est hanté par un rêve d'accession impossible et une enfance traumatisante : fils de paysans, sentiment de rejet, subordination, il reste tristement lucide devant l'amour impossible qu'il voue à Julie. Ils tentent constamment d'échapper aux regards des autres (ils passent leur temps à se cacher), rêveront de fuite, mais au petit matin, après une nuit d'amour, la réalité se fera beaucoup plus cruelle. Qu'ils courent, qu'ils partent en barque, tous les travellings sont magnifiques pour suivre cette course échevelée qui finira dans le mur (le travail sur la profondeur de champ est d'ailleurs tout autant remarquable). Mais rappelons-le, si la fin est relativement triste lorsqu'ils prennent conscience de l'impasse dans laquelle ils se trouvent, il demeure tout au long du film une grande drôlerie dans les situations (les femmes et les hommes paysans qui échangent leurs rôles et amènent le domaine à la ruine; les constants revirements des rapports entre les deux amants, ...). Que dire enfin du jeu des acteurs et des dialogues somptueusement écrits...

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Bref c'est léger, enivrant, dramatique voire tragique, il y a un souffle de vie constant dans cette comédie érotique d'une nuit d'été. Qu'on se le dise, Bergman n'est pas le seul géant suédois. Un petit bijou nordique, oui c'est ça.

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