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14 janvier 2008

Madame Bovary (1950) de Vincente Minnelli

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Belle idée en introduction et en conclusion que celle d'évoquer le procès du livre en 1857 avec un James Mason en Flaubert qui défend l'intérêt de son œuvre, la vérité peut-être peu reluisante mais vérité malgré tout qu'elle évoque. Parce qu'au final on est tous des Emma Bovary - à part peut-être Proutouie qui s'est toujours contenté de ce qu'il avait (il a peu lu faut dire pour sa gouverne).

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Minnelli fait une bien belle adaptation, de la scène de mariage bien campagnarde où on s'envoie des pains (oui de vrais pains, d'où l'expression ?) dans la tronche à la scène somptueuse du bal : cette séquence où Emma danse à en perdre la tête virevolte dans tous les sens alors que la caméra part en vrille, est un chef-d'œuvre de mise en scène - la grande classe du Minnelli; elle est qui plus est en parfait contraste avec la maladresse de ce pauvre Charles; ce dernier se fait bousculer de bout en bout, se retrouve comme un pauvre gland coincé à une table de billard, passe son temps à picoler pour se donner une contenance jusqu'à la scène où il se rend ridicule à courir après sa femme en heurtant tous les couples en piste. On sent bien que malgré sa meilleure volonté, l'Emma est vouée à toujours lui échapper, physiquement et spirituellement. Jennifer Jones, jeune demoiselle toute pimpante, fait de plus en plus de mines à mesure que le film avance, son personnage devenant de moins en moins naturel et charmant dans sa fuite en avant : les scènes qu'elle fait à Léon puis à Rodolphe pour leur soutirer de l'argent sont pathétiques au possible. Minnelli ne cesse de truffer son décor de miroir, la beauté d'Emma resplendissant au départ - elle s'admire entourée de ses beaux lors du bal - puis les miroirs qui reflètent ses pauvres aventures se font de plus en plus fendus, brisés notamment lors de ses escapades à Rouen avec Louis; elle finira par se trouver laide, les traits tirés, avant d'aller chercher un dernier recours chez un Rodolphe, qui vient de rentrer d'Italie, froid comme la mort... Sa façon de se jeter juste après sur le pot d'arsenic chez le pharmacien Homais est aussi désespérée que le regard du pauvre Charles lorsque son Emma meurt dans son bras... Il n'a jamais rien pu faire, il n'y aura pas, là  non plus, de miracle.

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L'ensemble des décors est parfaitement réussi et soigné, de cette petite place de Yonville où chaque matin Emma voit défiler les mêmes scènes sanctionnées par la cloche de l'église sur les coups des 9 heures (magnifique sens du timing et de l'utilisation de la voix off d'Emma qui souligne ce que rien ne peut arrêter) - à l'intérieur des Bovary où Emma étouffe peu à peu;  ses échappés à cheval lui sont de véritables bouffées d'air mais ne sont au final, comme ses illusions, que de l'air... Belles interprétations au passage de Van Heflin, en Charles gauche malgré lui, du rapace Frank Allenby en Lheureux toujours à l'affût de l'argent derrière ses grands airs, et du bedonnant Gene Lockhart en Homais qui transpire la bonne volonté vaine. Sûrement la meilleure adaptation du bouquin du gars Flaubert.   

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