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14 janvier 2008

Seuls les Anges ont des Ailes (Only Angels Have Wings) (1939) d'Howard Hawks

angelsCe film est bien étrange dans la carrière de Cary Grant : il y interprète un anti-héros complet, qui plus est affublé d'un costume impossible (chemise blanche ou blouson trop étroit, chapeau de cow-boy déformé par la pluie, cigarette au coin extrême des lèvres, dégaine avachie), et qui reste assez antipathique pendant 115 minutes. Le talent du film est bien sûr de renverser totalement la vision qu'on a du personnage dans la 116ème minute.

Grant dirige donc d'une main de fer une petite entreprise de location d'avions, qui sont en fait des coucous déglingués qui tiennent à la colle. Ayant essuyé les revers d'un amour foireuxOnlyAngels23 avec Rita Hayworth (la belle ne comprenait pas son goût du risque, la pauvrette), il a décidé de tanner son vieux cuir et d'être un insensible fataliste. Quand ses collègues se crashent en avions, il finit leur steack ; quand une donzelle revient se frotter à lui, il oublie son prénom ; quand la blonde et craquante Jean Arthur s'éprend de lui, il lui paye son billet de bateau pour rentrer chez elle. Bref, c'est un dur, et c'est à 10000 lieues de ce qu'on voit de Cary d'habitude : pas de trace ici d'élégance naturelle, peu d'indices de son talent comique. Mais une fois encore, il est magistral, émouvant à mort, et héroïque comme pas deux. La scène où il effectue quelques loopings dans un avion rafistolé au scotch est géniale, son avion pique du nez mais onlyangels4lui n'a pas un rictus, même quand le pare-brise lui arrive dans la gueule. De même lors de la séquence où il perd son meilleur pote, où il est flegmatique et opaque, alors qu'on sent cette petite fêlure qui va le faire craquer. Seul le plan où on le voit pleurer est limite : Grant n'est pas fait pour les larmes, même si les maquilleurs n'y sont pas allé de main morte avec le collyre.

Appuyé par ce personnage magnifique, Only Angels Have Wings n'a plus grand-chose à faire pour être un film parfait, d'autant que Hawks y montre encore une fois son talent pour planter une ambiance nickel : ici, ce sont des bistrots d'Amérique du Sud pleins de fumées et de danses, ce sont des cockpits pris dans le brouillard et les vautours, ce sont desOnlyAngels22 pistes de décollage lavées par la pluie... La photo très belle, et les détails de décors et d'atmosphère sont très réussis, tout est crédible, palpitant, typique. Les personnages secondaires sont eux aussi très fouillés, du faux lâche qui cherche à se racheter une réputation en prenant tous les risques au vieux briscard de l'aviation à moitié aveugle, du médecin qui récite Shakespeare pour prouver sa dignité à la jeune première doutant de ses amours (Rita Hayworth). Les dialogues sont au petit poil, et Jean Arthur en comprend toutes les nuances, toute l'ironie, tous les degrés avec une intelligence qui l'honore. Son personnage à elle est vraiment beau lui aussi, une fille pleine de vie, balancée dans un monde viril et inconscient, et qui tente de s'adapter avec humour et abnégation. Les maquettes d'avion sont craquantes, en plus, toujours adoré ces trucages des années 30.

Bref, c'est Hollywood avec un H immense. Only Angels Have Wings nous fait passer par toutes les émotions du monde.   (Gols - 10/04/07)


2901

Disons-le en écho avec mon co-blogueur, Only Angels have Wings est un vrai chef-d'oeuvre (on n'est pas si loin de Casablanca, soyons fou), que porte entièrement sur ses épaules un Cary Grant au sommet de son art, dans ce personnage de vieux loup solitaire dirigiste. Hawks tient en haleine pendant deux heures avec pour seule toile de fond les allées et venues de caractères de "seconde zone" dans un petit aérodrome paumé en Amérique du Sud. Même si les scènes aériennes sont particulièrement bien filmées - même quand il s'agit de maquettes tenues avec un fil, je ferme les yeux avec plaisir - l'essentiel de l'action repose sur les relations au sol. Et en effet tout y passe au niveau des émotions: amitiés et amour qui ne veulent pas dire leur nom, personnages blessés qui trouvent un second souffle, façade d'apparat et extrême pudeur, le film est un vrai bonheur qui ensoleille ce lundi matin d'une tristesse et d'une froideur qui conduiraient un condor au suicide. Il faut souligner (j'en remets une couche) le jeu exquis de Jean Arthur, pleine de vivacité et de pugnacité, les apparitions magique de Rita Hayworth, à se damner, même quand elle a picolé (une classe, une façon de "se mouvoir " - elle ne marche pas, elle glisse...) mais aussi en passant cet acteur qui vient du muet, Richard Barthelmess, au passé extrêmement lourd à gérer, et qui sans dire un mot (ou deux) a une présence incroyable, fait passer toute la dureté et la capacité à encaisser de son personnage. Cela donnerait presque envie de s'enquiller l'intégrale des films de Hawks et de Cary Grant, là comme ça, en quelques jours. Howard, tu as des ailes de metteur en scène. So long!   (Shang - 14/01/08)

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