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4 novembre 2007

Madadayo d'Akira Kurosawa - 1993

madadayo5_5B1_5DJ'aime beaucoup les derniers films des grands maîtres, et j'ai de ce fait depuis longtemps une grande affection pour Madadayo, qui n'est certes pas le plus grand Kurosawa, mais qui dégage une simplicité et une humanité qui touchent profondément.

Modestie de la mise en scène, belle inspiration dans l'utilisation de décors de studio à faire frémir n'importe quel nostalgique des couleurs fluos du cinéma japonais d'autrefois, joli personnage principal: tout est là pour vous chavirer le coeur, jusque dans la trame elle-même, simple et fulgurante à la fois. C'est l'histoire d'un prof qui a marqué des générations d'élèves, et qui prend sa retraite. Autour de lui se met en place une sorte de culte de la part de ses étudiants, qui chaque année fête son anniversaire à grands coups de saké derrière la cravate et de chansons. Mais c'est aussi tout un réseau de solidarité qui s'installe autour de lui, et on l'aide à construire sa maison et à chercher son chat perdu. On ne peut, bien sûr, s'empêcher de voir dans le "Senseï" un autoportrait de la part du vénéré Akira, qui s'est tranquillement défait des turpitudes de la vie (il prend avec une philosophie stoïque le bombardement de sa maison) mais reste intensément attaché madadayo_grandeà la beauté des choses (magnifique travail de l'acteur face à la perte de son chat). Il y a du zen là-dedans, mais un zen bouddhiste, qui ne rechigne pas devant l'humour (très fin dans ce film) et la grosse beuverie. Il faut voir le prof s'enfiler une choppe de bière de 45 litres d'un trait, et ce à 77 ans et au mépris de son docteur austère. Il fait le voir s'envoyer des litres de saké à la chaîne tout en s'interrogeant sur la raison pour laquelle les gens pissent toujours au même endroit (le mur de sa maison). Kurosawa n'a plus rien à prouver, et se laisse aller à la nostalgie, à l'humour parfois grivois, au simple amour de la vie. Et c'est très beau. La dernière image qu'il nous aura livrée sera quand même un petit garçon qui contemple un ciel surchargé de couleurs sur une musique de Vivaldi, et peu de cinéastes savent ainsi trouver la simple émotion jaillie d'un plan. C'est définitivement un film-testament, et un film hyper-japonais dans sa façon sereine d'affronter la mort.

Quant à la mise en scène, elle n'oublie pas d'être intelligente et parfaitement maîtrisée. Ce n'est pas parce qu'on se lâche quon est obligé de bâcler, et Kurosawa fait encore une fois la preuve qu'il est le patron. Du Madadayobtnpremier plan (une porte close sublimement cadrée qui va laisser entrer l'action) aux scènes de liesse émouvantes (pleines de bruits et de fureur, rappelant subtilement les ampleurs des Sept Samouraïs ou de Kagemusha), jusqu'aux trois scènes de rêve d'une beauté sidérante (un cheval qui affronte la mort, un chat perdu, un petit garçon qui joue à cache-cache), les rythmes sont au taquet, les cadres hyper-précis, les ambiances sont dosées au milimètre. Il y a quelques longueurs dans Madadayo, la photo n'est pas terrible, le sens se perd un peu, il n'y a pas l'ampleur des grans AK... mais c'est un film bouleversant et beau comme la vie.

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