Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
15 mai 2007

Le Faucon Maltais (The Maltese Falcon) (1941) de John Huston

Encore une fois, la très grande classe de John Huston associé à Boggy fait des étincelles, et parvient àmaltesefalcon58 transcender un sujet pas follichon des masses. C'est le scénario classique de la série noire : le privé solitaire, la femme fatale (que j'ai pas trouvée super-fatale, moi, on est loin de Bacall), les petites frappes, le gros plein de fric, le lâche, etc. Ca se met des coups de poings sonores (transcription : phrhhrhhou, mais difficile à transcrire), ça se menace avec des flingues de poche, ça se trahit à tous les coins de porte... Les acteurs sont sublimes : Peter Lorre est mon idôle, j'adore le courage incroyable de ce type à toujours jouer des minables veules et moches ; Bogart est très class, ce qui n'est pas toujours le cas ; et le petit voyou est sublime, un type qui veut jouer au maltesefalcon96dur et qui se fait humilier par Humphrey jusqu'aux larmes. Comme dans l'intégralité de l'oeuvre de Huston, les personnages, TOUS les personnages, sont épais, réfléchis, crédibles et émouvants, chargés d'un passé qu'on nous souffle dans la subtilité et la sobriété.

Bon, j'ai moins accroché qu'à d'autres films du maître, peut-être à cause d'un scénario un peu mou du genou, et peut-être parce que le génie du gars a moins de place pour s'exprimer dans ces conventions hyper-rigides du film noir. Mais ça reste un très bon film. Comme conseil : à regarder dans un lit avec une fille et des chips, comme dans les films de Woody Allen.   (Gols - 12/04/06)


Grande classe que celle de Huston qui adapte pratiquement à la lettre (tout en gardant son style, le propre des grands) le bouquin de Hammett: quitte à être un peu tatillon, quelques passages sont légèrement raccourcis (celui qui concerne la découverte du bateau Paloma par Bogart et la fausse piste qui l'amène dans une maison abandonnée) et deux scènes (bah la censure, pour sûr, qui fait remplacer les "By God" par "by gad", qui nous privent d'une petite coucherie entre Spade et Brigid et surtout d'une scène cruciale dans le livre où Spade demande à Brigid de se déshabiller complètement pour voir si elle n'a pas tiré 1000 dollars dans l'enveloppe donnée par Gutman à Spade - une suspicion et une brimade qui font une bonne transition avec le dénouement où il la livre à la police). Enfin un petit ajoût avec cette citation shakespearienne en conclusion du Bogey, regardant la statuette, lâche un "It's the stuff that dreams are made of". Sinon Huston respecte l'essentiel de l'intrigue (on est forcément beaucoup plus à l'aise en ayant le livre en tête) ainsi que son rythme avec cette séquence finale entre les cinq protagonistes qui dure bien 20 minutes.

maltese_falcon_appa

Si Bogart est parfait pour le rôle (qui d'autre ? on l'imagine déjà en lisant le livre - il est énorme lorsqu'il fait ces petits rictus coincés), le ventripotent Sydney Greenstreet est admirable (une carrure et un charisme renforcés par des plans en contre-plongée) ainsi que, comme le soulignait mon éminent collègue, Peter Lorre en Joel Cairo ou Elisha Cook Jr en Wilmer, le porte-flingue qui ne se déride jamais (de fortes suspicions sur son passé de drogué flottent sur lui dans le roman). Déception toutefois par rapport aux personnages féminins, Mary Astor n'ayant pas grand chose d'une véritable femme fatale (ah ouais c'est pas Bacall ni même Ingrid Bergman ou Rita Hayworth pressenties un moment pour le rôle). Dans le rôle de la secrétaire ou de la femme de son associé, on peut pas dire non plus qu'il s'agisse des actrices les plus sexys d'Hollywood et l'on repense au Grand Sommeil où on assistait à un véritable défilé de créatures de rêve - topoï incontournable des grands roman/films noirs.

falcon15

Malgré l'abattage dont fait preuve Huston pour enchaîner à un rythme de folie, les différentes séquences avec pléthores de personnages, de rebondissements, de fausses pistes, de lieux différents, il garde en tête l'esprit de Hammett avec ces fameuses cigarettes que Bogart prend nonchalamment le soin de rouler à son bureau. La mise en scène est toujours parfaitement réglée (lorsqu'ils se retrouvent à 4 ou à 5 dans la même pièce, chacun des personnages reste toujours parfaitement visible sans que l'on jamais l'impression d'assister à une quelconque mise en place théâtrale "pour la caméra") et les longues tirades de Spade ou de Gutman sont mitraillées avec une aisance hallucinante. Un classsique d'un classique.   (Shang - 15/05/07)

Commentaires
M
.. Fanfan de la Manche ? ça souffle drôlement, paraît, sur Barfleur et le Nez de Jo !
Répondre
F
Le roman date de 1929. Ce n'est que récemment qu'on a eu droit à une traduction fidèle du texte sans coupure par Pierre Bondil et Nathalie Beunat. C'est un des 15 romans qui ont fait l'Amérique. Hammett est au roman noir ce que les Shadows sont à la guitare électrique. Le film est à la hauteur. L'entame avec le "hard-boiled dick" en attente dans son bureau, le coup de la sécurité postale, la femme perverse : tout ça, c'était du nouveau. Bravo et respect.
Répondre
Derniers commentaires