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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
13 septembre 2006

Battle Royale (Batoru rowaiaru) de Kinji Fukasaku - 2000

battleroyale_2_3_1_Si seulement Lost pouvait être sur le même principe... Cela nous éviterait une bonne cinquantaine d'épisodes. Disons le franco, Battle Royale est une grande réussite tant sur le fond que sur la forme sachant marier royalement les difficultés du monde adolescent et la sauvagerie de celui des adultes, l'humour et le côté gore, l'ultra-violence et la musique classique (sans jouer dans le jardin de Kubrick). Sur un scénario certes pas vraiment nouveau (il doit en rester un et coup de bol il n'y a pas Christophe Lambert), Fukasaku réalise certes un film diablement efficace mais surtout il se permet de s'attarder sur la plupart des personnages qui semblent avoir souffert de par le passé de difficultés de communication: comment faire le premier pas quand on est tout jeune et qu'on joue pas dans un film de Larry Clark? On est bien d'accord, c'est pas si évident. Lors de ces 3 journées ultimes aux multiples réglements de compte (tu m'as piqué mon petit copain, voilà un coup de faux dans ta face, tu m'as jamais fais confiance, prends toi ce jet d'arbalète) il y a aussi la place pour avouer dans un dernier soupir à celle ou à celui qui assiste au dernier râle combien on a l'a aimé auparavant - sans jamais avoir été capable d'oser l'avouer. Comme si le chemin de croix de ces lycéens se jouait plus sur le terrain des sentiments que sur le sentier de la guerre dans laquelle ils se retrouvent mêlés malgré eux. C'est au final assez touchant et cela fait de Battle royale un excellent film sur l'adolescence.

D'autres petites choses secondaires sont des plus inventives (chacun a une arme différente dans sonbr_1_ package de départ - bonne gâche quand c'est une mitraillette, pas de peau quand c'est un couvercle de poubelle ou des jumelles; cela dit, tout s'avère au final utile, un peu comme le coup du patin à glace dans Cast away. Kitano, quant à lui, est fabuleux dans son rôle de professeur tyrannique, chacun de ses éclats et de ses coups de gueules étant un régal. Des idées de plans sont également très ingénieuses; pour n'en citer que quelques unes: le ballon de basket qui rebondit à l'envers pour remonter vers la balustrade, la séquence dans le phare où le garçon cherche la fille qui s'est écrasé en contrebas (38 façons de mourir différentes, c'est tout de même une gageure... moins que les amendements à l'assemblée nationale, on est bien d'accord), les courtes séquences récurrentes de flash-back qui ne durent pas 30 minutes comme dans Lost et qui sont toutes très significatives...

Battle Royale mérite son statut de film culte, finissant par faire passer The Wall pour un film de maçon - dommage que la suite s'annonce d'un piètre niveau.   (Shang - 12/09/06)


Décidément, on doit vivre des vies parallèles avec mon collègue, pour voir comme ça les mêmes films lebr_extcut_tart3 même jour avec 8 millions de kilomètres entre nous.

Moins emballé que le collègue cité plus haut par Battle Royale. Certes, le film commence sur les chapeaux de roue, et j'ai adhéré sans réserve au principe du film, et surtout au jeu explosif et hilarant de Takeshi. Les premières scènes sont brutales, poilantes et surprenantes comme tout, surtout quand on est comme moi ignorant du sujet du film. Le jeu très "manga" des jeunes acteurs fait merveille : on leur met une petite claque sur le front, ils roulent sur eux-mêmes pendant 48 secondes en disant bouwwwaaa, c'est très drôle. Le principe du film, donc, déjà résumé par mon co-bloguier, est très bon, complètement pas crédible (on voit bph1honnêtement 36 façons de se sortir de cette île maudite, mais pas les personnages) et de ce fait amusant. Malgré les tics de réalisation un peu crâneurs, comme la liste des tués qui s'affiche directement à l'écran, ou les mystérieux cartons de texte qui jalonnent l'histoire, on regarde ça avec un plaisir de spectateur de film d'horreur. Parfois d'ailleurs, les scènes de meurtre sont très gores, les gusses mettant à peu près 40 minutes à mourir malgré les 14 balles qu'ils ont dans le corps. Donc, très drôle, japonissime dans le jeu, et du grand Kitano.

Ensuite, ben ma foi je trouve ça un peu flou. Je comprends bien que Fukasaku a voulu faire un film plus psychologique que physique, mais tout de même : le discours sur l'adolescence manque un chouille de profondeur, j'espère qu'on est d'accord. Le film est rigolo, mais je ne vois pas où chercher de réflexion particulière, honnêtement. Le type avec la tête à moitié séparée dubattleroyale2 corps et qui avoue dans des bulles de sang qu'il a toujours été amoureux de la fille qui vient de le bousiller, c'est fun, mais je préfère Eustache dans le genre "portrait de la violence adolescente". D'autre part, Battle Royale est quand même très poseur, dans sa volonté inlassable d'impressionner. Les gerbes de sang ne suffisent pas, pépère. Enfin, le scénario reste assez paresseux, une fois le joli principe posé. On assiste simplement à une boucherie collective (bien que très variée dans son déroulement, je reconnais), en attendant tranquillement le coup de théâtre final qui ne manquera pas d'arriver. Les personnages manquent cruellement d'épaisseur (y compris Kitano, qui se résume à ses problèmes avec sa fille), ne sont jamais sympathiques, et du coup, on les regarde s'entretuer sans jamais avoir peur ou pitié pour eux.

Bon, allez, j'ai passé quand même un moment agréable. Un simple divertissement, à mon avis.   (Gols - 13/09/06)

Commentaires
G
Bas****, je suis bluffé. Même si il me semble qu'on ne parle pas du même film, je trouve ton analyse puissante. Et si on écrivait Shangols à trois, ami Shang ?
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B
Il me semble clair qu il faille interpreter Battle Royal comme la projection du chaos hormonal et psychologique qui boulverse les corps et les esprits à la periode de l'adolescence. <br /> <br /> Alors que les jeunes filles versent "malgré elles" leur premier sang, les jeunes garçons se decouvrent possedant une "arme" qu'ils doivent apprendre à maitriser. A cette periode où les sentiments sont bruts, les paroles maladroites et les gestes violents, le moindre secret est une trahison, le moindre mensonge est un crime. Les relations sociales sont un champ de bataille. Les choix et les actes ont des consequences. L'innocence est morte.<br /> <br /> La vie n'est plus une ecole dont on peut secher les cours. Elle est desormais régit par des regles strictes et absurdes, dictées par des adultes forcement tous vieux cons, lâches, désabusés, alcooliques et violents. Rien ne sert de se rebeller, le systeme est sans faille et nous y succombons tous : qu'on soit actif et qu'on tue, qu'on soit passif et qu'on meure, peut importe, on quitte tous l'ile.<br /> <br /> Alors oui, l'adolescence est une ile sur laquelle nous avons tous été prisonniers. Et oui il y a une façon de s'en sortir, la seule, la plus simple et la plus déroutante qui soit : attendre que ça passe...
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G
Shang : Mes petites amoureuses est un film immense, et pourquoi cette méfiance à chaque fois que j'aime un film d'auteur ? Les films-d'auteur-donc-c'est-génial-on-touche-pas sont réellement parfois des films d'auteur géniaux, je dis ça sans vergogne mais avec quand même la hantise de cette méfiance anti-intello que je sens poindre... Battle Royale est couillu et musclé, je dis pas, mais j'ai bien peur que le fond soit plus proche de la surface que ce que tu y as vu...<br /> Bast*** : explique ! ça, ça m'intéresse! L'adolescence serait-elle une période où on est emprisonné sur une île, avec 36 façons d'en sortir, et sans qu'on les voit ? Voilà qui demande développement...
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B
"on voit honnêtement 36 façons de se sortir de cette île maudite, mais pas les personnages"<br /> <br /> Est-ce que ce ne serait pas justement ça le discours de Fukasaku sur l'adolescence ?
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S
Un film très en forme avec un très bon fond, je te trouve dur camarade à côté d'un United 93 qui reste un très grand vide uniforme. D'autant que Mes petites amoureuses ça beau être du Eustache-film-d'auteur-donc-c'est-génial-on-touche-pas, c'est quand même pas non plus LE film sublime. Plus couillu, le Fukasaku - si je peux me permettre.
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