Battle Royale (Batoru rowaiaru) de Kinji Fukasaku - 2000
Si seulement Lost pouvait être sur le même principe... Cela nous éviterait une bonne cinquantaine d'épisodes. Disons le franco, Battle Royale est une grande réussite tant sur le fond que sur la forme sachant marier royalement les difficultés du monde adolescent et la sauvagerie de celui des adultes, l'humour et le côté gore, l'ultra-violence et la musique classique (sans jouer dans le jardin de Kubrick). Sur un scénario certes pas vraiment nouveau (il doit en rester un et coup de bol il n'y a pas Christophe Lambert), Fukasaku réalise certes un film diablement efficace mais surtout il se permet de s'attarder sur la plupart des personnages qui semblent avoir souffert de par le passé de difficultés de communication: comment faire le premier pas quand on est tout jeune et qu'on joue pas dans un film de Larry Clark? On est bien d'accord, c'est pas si évident. Lors de ces 3 journées ultimes aux multiples réglements de compte (tu m'as piqué mon petit copain, voilà un coup de faux dans ta face, tu m'as jamais fais confiance, prends toi ce jet d'arbalète) il y a aussi la place pour avouer dans un dernier soupir à celle ou à celui qui assiste au dernier râle combien on a l'a aimé auparavant - sans jamais avoir été capable d'oser l'avouer. Comme si le chemin de croix de ces lycéens se jouait plus sur le terrain des sentiments que sur le sentier de la guerre dans laquelle ils se retrouvent mêlés malgré eux. C'est au final assez touchant et cela fait de Battle royale un excellent film sur l'adolescence.
D'autres petites choses secondaires sont des plus inventives (chacun a une arme différente dans son package de départ - bonne gâche quand c'est une mitraillette, pas de peau quand c'est un couvercle de poubelle ou des jumelles; cela dit, tout s'avère au final utile, un peu comme le coup du patin à glace dans Cast away. Kitano, quant à lui, est fabuleux dans son rôle de professeur tyrannique, chacun de ses éclats et de ses coups de gueules étant un régal. Des idées de plans sont également très ingénieuses; pour n'en citer que quelques unes: le ballon de basket qui rebondit à l'envers pour remonter vers la balustrade, la séquence dans le phare où le garçon cherche la fille qui s'est écrasé en contrebas (38 façons de mourir différentes, c'est tout de même une gageure... moins que les amendements à l'assemblée nationale, on est bien d'accord), les courtes séquences récurrentes de flash-back qui ne durent pas 30 minutes comme dans Lost et qui sont toutes très significatives...
Battle Royale mérite son statut de film culte, finissant par faire passer The Wall pour un film de maçon - dommage que la suite s'annonce d'un piètre niveau. (Shang - 12/09/06)
Décidément, on doit vivre des vies parallèles avec mon collègue, pour voir comme ça les mêmes films le même jour avec 8 millions de kilomètres entre nous.
Moins emballé que le collègue cité plus haut par Battle Royale. Certes, le film commence sur les chapeaux de roue, et j'ai adhéré sans réserve au principe du film, et surtout au jeu explosif et hilarant de Takeshi. Les premières scènes sont brutales, poilantes et surprenantes comme tout, surtout quand on est comme moi ignorant du sujet du film. Le jeu très "manga" des jeunes acteurs fait merveille : on leur met une petite claque sur le front, ils roulent sur eux-mêmes pendant 48 secondes en disant bouwwwaaa, c'est très drôle. Le principe du film, donc, déjà résumé par mon co-bloguier, est très bon, complètement pas crédible (on voit honnêtement 36 façons de se sortir de cette île maudite, mais pas les personnages) et de ce fait amusant. Malgré les tics de réalisation un peu crâneurs, comme la liste des tués qui s'affiche directement à l'écran, ou les mystérieux cartons de texte qui jalonnent l'histoire, on regarde ça avec un plaisir de spectateur de film d'horreur. Parfois d'ailleurs, les scènes de meurtre sont très gores, les gusses mettant à peu près 40 minutes à mourir malgré les 14 balles qu'ils ont dans le corps. Donc, très drôle, japonissime dans le jeu, et du grand Kitano.
Ensuite, ben ma foi je trouve ça un peu flou. Je comprends bien que Fukasaku a voulu faire un film plus psychologique que physique, mais tout de même : le discours sur l'adolescence manque un chouille de profondeur, j'espère qu'on est d'accord. Le film est rigolo, mais je ne vois pas où chercher de réflexion particulière, honnêtement. Le type avec la tête à moitié séparée du corps et qui avoue dans des bulles de sang qu'il a toujours été amoureux de la fille qui vient de le bousiller, c'est fun, mais je préfère Eustache dans le genre "portrait de la violence adolescente". D'autre part, Battle Royale est quand même très poseur, dans sa volonté inlassable d'impressionner. Les gerbes de sang ne suffisent pas, pépère. Enfin, le scénario reste assez paresseux, une fois le joli principe posé. On assiste simplement à une boucherie collective (bien que très variée dans son déroulement, je reconnais), en attendant tranquillement le coup de théâtre final qui ne manquera pas d'arriver. Les personnages manquent cruellement d'épaisseur (y compris Kitano, qui se résume à ses problèmes avec sa fille), ne sont jamais sympathiques, et du coup, on les regarde s'entretuer sans jamais avoir peur ou pitié pour eux.
Bon, allez, j'ai passé quand même un moment agréable. Un simple divertissement, à mon avis. (Gols - 13/09/06)