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15 septembre 2006

LIVRE : La Psychanalyse du Feu de Gaston Bachelard - 1937

Sans_titreToujours eu une tendresse particulière à l'égard du bon philosophe barbu, dont je ne connaissais pourtant que La Flamme d'une chandelle. Je ne sais pas, il m'est sympathique, ne serait-ce que pour avoir vécu longtemps à Dijon sans s'en plaindre jamais...

Cet essai sur le feu est en tout cas très très joli. On s'attend à lire un texte laborieux et austère, et on tombe sur un livre émouvant et sensible. Ce qui touche le plus, c'est que Bachelard, dans sa tentative louable de parler objectivement d'un thème subjectif (le feu étant chargé d'une lourde histoire poétique, symbolique, voire pleine de superstitions ou de fausses théories), fait de La Psychanalyse du Feu un texte très poétique, plus tourné vers l'intimité et la fascination que vers la distance scientifique. Le bouquin regorge d'allusions à l'enfance de Bachelard (ah ! le pépé qui allumait le feu, ah ! les rêveries du petit Gaston devant les flammes...), et, pour paraphraser le gars, "les théorèmes cachent mal les poèmes". Qui d'autre qu'un poète, en effet, pourrait ainsi citer dans un livre soi-disant "philosophique" Novalis, Poe ou Théophile Gautier, pourrait ainsi partir dans des rêveries sur l'aspect sexuel du frottement des silex pour allumer un feu, pourrait ainsi faire preuve d'un tel amour pour le "son" des mots (on lit quand même : "mon coeur était volcanique comme les rivières scoriaques", me demandez pas...).

Alors bon, cela reste un ouvrage très pointu sur le (beau) thème du feu, sa naissance, ses vertus et défauts, sa chimie même, et une tentative très noble de remettre la vérité objective au sein de l'expérience humaine. Mais c'est surtout un long poème joliment écrit, derrière lequel pointe ce qui manque très souvent à la littérature : un homme, dans toute sa solitude, dans tout son amour des choses, et dans toute sa sensibilité. Qui pourra, de toute façon, dire du mal de l'auteur de cette phrase : "En résumé, sans vouloir instruire le lecteur, nous serions payé de nos peines, si nous pouvions le convaincre de pratiquer un exercice où nous sommes maître : se moquer de soi-même"?

Commentaires
A
Ne sois pas triste, nous tortulerons sur des russacs alpotés et nous nous altophélerons gargument, les cmurs clachidés.
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G
Ben si, forcément un peu déçu, tant la phrase avec coquille était belle (on dirait du Thiéfaine). Effectivement, la phrase est entre guillemets chez Bachelard, et Poe est cité. Anne, mes révérences serviles pour cette recherche, inutile donc précieuse. Mon cmur bat pour tes rivières perso mais scoriaques quand même.
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A
Ce n'est pas que j'avais des doutes en ce qui concerne le thème "Bachelard Grand Poète du XXème", mais quand même "Mon cmur...scoriaques", je trouvais ça un peu fort de café. Donc j'y ai réfléchi (malgré une belle migraine matinale, mais ça on s'en fout), résultats :<br /> <br /> - Le scoriaque s'explique : déclinaison de "scorie", petit résidu de volcan, expulsé lors des explosions... bon jusqu'ici tout va bien.<br /> <br /> - le "cmur" tout de même... j'ai opté pour une faute de frappe, et j'ai cherché sur le net, en remplaçant "cmur" par "coeur" (c'est là qu'on voit que j'ai fait vachement d'études quand même). Bref, la phrase "mon coeur était volcanique comme les rivières scoriaques" serait issue d'une traduction, faite par Mallarmé, d'un poème d'Edgar Allan Poe : Ulalume. (Cf. http://www.mallarme.net/index.php?title=Ulalume). Voilou, c'est assez jouli en plus.<br /> <br /> Mes excuses à Bachelard, à Gols, en espérant que la désillusion ne sera pas trop intense...
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