La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa) (1954) de Joseph L. Mankiewicz
Voilà longtemps que je souhaitais revoir ce film et la déception est à la hauteur de l’attente.
La mise en scène est plus statique que les mannequins du musée Grévin. Bogart est jaune pendant tout le film (il a dû chopper la crêve en restant aussi longtemps sous la pluie pendant la scène d’ouverture à l’enterrement – ou alors c’est le foie, et le personnage qu’il joue fait bien d’avoir arrêté l’alcool), Ava Gardner (en dehors de la scène en danseuse gitane) est la frigidité faite femme à tel point qu’on a du mal à croire à ses amourettes avec des gens « de peu », le personnage du producteur est monolithique, quant au Comte, certes il a perdu ses roubignolles, mais on finit par se demander s’il reste tout droit parce qu’il joue mal ou parce qu’il est réellement blessé. Un reportage en couleur sur les menhirs de Carnac, avec toute la déférence que je dois à Mankiewicz. Un film immobile.
Et pourtant le contre-champs de l’une des premières séquences où la caméra ne suit que les réactions des spectateurs lors de la prestation d’Ava – retardant ainsi l’apparition des chevilles de la Déesse – est fabuleux : en quelques secondes, on comprend toute la vie de ces personnages, en couple ou en solitaire… Ensuite, mon Dieu que le film a du mal à avancer. Certes le personnage d’Ava vit dans un rêve mais au contraire d’Emma, son conte (comte – déchainement de rires) de fée se réalise… en partie (re-rires guère plus subtils). On attend des plombes que le prince mette la chaussure au pied et la bague au doigt de la belle qui paradoxalement ne les supporte pas (les chaussures, bien sûr)… et quand cela finit par arriver on assiste à un piètre meurtre de jalousie car la Belle (voulant faire plaisir à son mari et lui offrir un enfant – oui, lui, peut plus… vous suivez non ?) a couché avec le chauffeur!!! Déjà vous y croyez, vous ? Certes, elle est un peu naïve et manque d’expérience, mais quand même. On a du mal à tilter… Oui, la vie n’est pas un conte de fée… Putain, et elle pensait aussi que Casimir existait !!!! Elle passe sa vie avec des bougies et se laisse berner par un lustre aussi cuistre que Stéphane Bern. Quand même. Restons dignes.
Et puis c’est pas pour dire mais qui est le maquilleur sur ce film ? Dès qu’Ava est au soleil, ses joues brillent et franchement c’est pas super esthétique. Je pourrais encore vous trouver une tonne de petits détails aussi stupides tant ma mauvaise foi est légendaire une fois qu’un film me frustre. Oui c’est un film sur la frustration, je le concède, mais les gens ne sont pas des marionnettes avec deux fils. Any comment ?