LIVRE : La bête qui meurt de Philip Roth - 2001
Grand fan de Roth devant l'éternel (sa trilogie américaine Pastorale Américaine, J'ai épousé un communiste et La tâche est une somme), ce petit livre plus concentré avait tout pour me plaire: l'amour entre un vieux professeur qui a depassé la soixantaine et une de ses jeunes étudiantes à la beauté foudroyante permettant à Roth d'évoquer certains de ses thèmes favoris, du désir à la déception amoureuse, du plaisir charnel à la mort. Pari réussi haut la main, Philippe Roth étant le roi pour distiller de petites phrases et autres réflexions dont il a le secret (comme Djian mais avec de la profondeur (c'était gratuit))
Qu'il évoque l'amour ("L'amour, la seule obsession que tout le monde désire. Les gens se figurent qu'en tombant amoureux ils vont recouvrer leur intégrité, connaître l'union platonicienne des âmes! A d'autres. Moi je pense qu'on a une intégrité de départ et que c'est l'amour qui cause la fracture." Ca calme), le mariage et la jalousie ("Le mariage comme le remède à la jalousie. Voilà pourquoi tant d'hommes le recherchent. Comme ils ne sont pas sûrs de leur femme, ils l'oblige à signer un contrat"), la liberté, la liberté sexuelle, la fin des années soixante, la paternité...chacun de ses propos étayés de quelques références de choix (du père Dosto à Velasquez en passant par Tocqueville...) font toujours mouche. Si la déception de cette ultime relation laisse rapidement la place à un ton beaucoup plus dramatique (la jeune donzelle souffre d'un cancer du sein - Roth est LE specialiste du sein, croyez-moi), on retrouve quoiqu'il advienne chez Roth un ton toujours humaniste et malgré tout assez ironique. Il semble d'ailleurs ne pas avoir finir d'en découdre avec les thèmes obsédants de la mort, de la lente décomposition des corps -et du désir- puisqu'il en fera le sujet de son prochain roman. J'achète.