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20 mars 2024

Tout ce que nous respirons (All That Breathes) (2022) de Shaunak Sen

Pigeon, quand tu survooooles la villllle... Pardon, fi de tout lyrisme poelvoordien ici, puisqu'il s'agira avant tout de s'intéresser aux milans noirs (ces étranges oiseaux qui donnent l'impression de planer dans les airs... d'où leur appellation de "kyte birds" en anglais) et ce en Inde... Ah ? Eh oui, ce documentaire se penche exclusivement sur le travail démentiel de deux frères musulmans et leur associé qui passent leur vie à soigner les oiseaux... tombés du ciel... Dans un environnement guère reluisant (les rats grouillent comme le souligne le très joli travelling en ouverture...), où la pollution, chaque jour, semble redoubler, les milans noirs ont la vie dure... Leurs sauveurs, ancien body-builders (cela leur a permis de comprendre le système musculaire des êtres vivants (!) - tous les chemins mènent au milan (...)), se dévouent quotidiennement, avec les moyens du bord (des subventions, parfois, tombent...), pour que nos milans puissent un jour planer à nouveau ; nos soigneurs ne reculent devant rien (franchir un bras de rivière à la nage pour aller sauver un pauvre animal en détresse... l'un d'eux revient proprement épuisé), affrontent le tempérament bien trempé de ces oiseaux qui défendent farouchement leur nid (on assiste également à une séquence purement herzogienne (vous vous rappelez la polémique du renard ?) où un milan... vole les lunettes d'un de nos hommes - le type, soufflé, mettra des jours à s'en remettre) mais s'attèlent constamment à cette tâche sans véritablement se poser de questions...

Alors même que les violences intra-communautaires, intra-religieuses menacent cette bonne ville de New Delhi, que chaque jour les différences sur terre créent un peu plus de tensions et d'incompréhension parmi cette vile humanité, nos hommes se dévouent à sauver ces êtres du ciel où, là-haut, tout le monde demeure encore égal (c'est ce qu'on peut appeler une parabole...). Sen filme nos hommes en toute discrétion, ne cherche pas à savoir ni à comprendre vraiment ce qui véritablement les motive (ils livrent un travail harassant ce qui n'est pas sans créer parfois d'ailleurs des tensions entre eux), mais illustre aussi bien la misère de cette Inde qui part en vrille (à la mousson, tu te retrouves chaque année dans ça d'eau... bonjour les conditions d'hygiène) que la grâce de ces oiseaux qui survolent ce monde déliquescent. C'est simple comme un pansement que l'on met sur une aile, c'est à la fois beau et édifiant tant notre pauvre terre semble définitivement battre de l'aile - trois hommes, trois résistants, qui, dans l'ombre, en silence, agissent pour ces proies silencieuses : la dévotion à l'état brut. Tout à la fois planant et philosophique. 

 

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