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15 mars 2024

Les Heures heureuses de Martine Deyres – 2019

Il m'est arrivé en mon temps, figurez-vous, d'arpenter plus d'une fois les couloirs du fameux hôpital psychiatrique de Saint-Alban, en Lozère, pour des raisons purement professionnelles, je vous rassure. Il est donc logique que mes pas m'aient amené vers ce film, qui se propose de revenir vers les débuts de cet établissement, qu'on appelait alors ”asile pour les fous” et de la méthode de soins révolutionnaire et controversée du Dr Tosquelles, génial inventeur ou dangereux utopiste au choix : laisser les malades libres de leurs mouvements, les mêler indissociablement aux soignants, les faire participer à la vie du centre, du village, à l'époque ce n'était pas commun. A la faveur de la découverte de petits films amateurs dans les arrière-salles du centre, Martine Deyres retrace l'aventure de ces pionniers de la psychiatrie, dont le travail fait encore débat aujourd'hui (la discussion après la projection a failli virer au pugilat).

La déception, malheureusement, point rapidement. Les fameuses images retrouvées par la cinéaste, annoncées au début comme spectaculaires, et qui sont censées retracer les premiers temps du centre, avant et pendant la guerre, sont à peu près sans intérêt finalement. Succession d'images du quotidien le plus trivial, repas, ateliers, excursions, qui sont celles que tout le monde a dans son grenier, et qui ne parlent pas du tout de l'étrange aventure des ces hommes et de ces femmes malades mentaux et qu'on a regardés différemment. Il faut tout le travail d'interviews et de voix off pour rendre un peu intéressant ce film, qui du coup pourrait être une émission de radio sans rougir : il est vrai que les témoignages des docteurs ou du personnel ayant travaillé dans l'hôpital ou des historiens de la psychiatrie sont plus intéressants. Mais là aussi, Deyres butte sur un obstacle qui était pourtant à prévoir : sans contre-point, sans mise en question, le personnage de Tosquelles et de ses collègues sont présentés comme des héros, et leurs expériences comme des réussites totales. Il y a pourtant de quoi se questionner sur cette liberté octroyée aux fous qui peut passer pour un je-m’en-foutisme, sur cette confiance envers eux qu'on peut prendre pour du manque de soins. Le film, béatement fier de lui-même, ne répond à aucune question, se contentant d'exhiber son ”trésor” d'images (qui n'a de trésor que le nom) et d'aligner des témoignages d'enthousiastes sans recul. Quant au cinéma : nada.


 

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