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15 mars 2024

Tout ce qui nous relie de Jung – 2023

Jung aime Laëtitia. Laëtitia est une Coréenne d'origine, adoptée alors qu'elle était enfant par une famille française. Ces deux événements capitaux ont convaincu notre brave garçon de sortir sa caméra-DV familiale pour aller filmer de long en large sa belle aux prises avec ses doutes identitaires, sa difficulté à assumer pleinement cette enfance effacée et ses grands yeux rêveurs face à la mer. Forts de son film d'animation (raté) sur l'adoption (Couleur de Peau : Miel), Jung s'est cru non seulement spécialiste de ce sujet mais aussi cinéaste. Il a eu tort des deux côtés. Sur le thème de l'adoption et des origines, le film accuse dès ses premières images une faillite complète : jamais il ne traite d'un quelconque questionnement, jamais le sujet n'est abordé pleinement. Tout ce qui nous relie reste désespérément en surface, et remplace la réflexion par des scènes où notre Laëtitia, les larmes aux yeux, arpente les rues de Séoul et imagine qu'elle a peut-être éventuellement probablement et à peu près été abandonnée ici, retrouve des lieux de mémoire (qu'elle n'a jamais vus) rasés et remplacés par des boutiques, ou évoque les parallèles qu'elle peut faire acrobatiquement entre son enfance et celle de sa fille, brave adolescente de bonne volonté mais qui a l'air de se faire un peu chier dans ce film. On se dit que Jung, comme dans son film d'animation, n'a rien à dire sur le sujet de l'adoption, de l'intégration, et qu'il a trouvé en sa femme un alter-ego en ignorance.

Le pire est que tout cela est filmé et donné à manger au spectateur. Du côté du cinéma, c'est affligeant. Le truc est un long, très long, film de vacances, franchement mal cadré, jamais mis en scène, au montage catastrophique, au son inaudible, dont 90% sont constitués de scènes absolument inintéressantes : Laëtitia au karaoké (8 heures de braillements avinés), Laëtitia à la plage, Laëtitia et ses copains, Laëtitia en voyage. On comprend bien qu'il y a de l'amour entre ces deux-là, mais être invité à leur soirée diapos est une autre paire de manches. Enseveli sous ces scènes qui ne racontent rien, on l'est également sous les chansons de la belle, qui se pique aussi de pousser les chansonnette : succession de morceaux d'une sous-Céline Dion sirupeuse qui finit de vous achever, d'autant que chaque morceau dure 4h20. Ne parlons même pas des quelques tentatives poétiques de Jung pour faire croire à une mise en scène, inutile d'enfoncer le clou (un parapluie qui sert de symbole à l'errance de la belle, mais qu'on a bien envie de foutre dans le c*l du réalisateur). Bien, vous devinerez que ce film (produit grâce à un financement participatif, ben voyons) ne m'a que moyennement emballé. Un navet intégral.

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