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24 mars 2024

Dieu du Tonnerre (Emitaï) (1971) de Sembene Ousmane

Il est bon notre ami Ousmane pour se moquer des "bons temps de la colonie" et ridiculiser nos chers militaires colons... Les hommes en charge de la tribu ne sont certes guère plus à la fête ici (trois heures pour prendre des décisions, palabrer, tergiverser, attendre ou non une réponse des dieux, hésiter...) et seules les femmes, finalement, solidaires, faisant corps et chorale, résistent face à ces petits blancs d'occupants... L'heure de la seconde guerre mondiale a sonné et les recrutements reprennent parmi nos chers amis sénégalais... Les "volontaires" sont embrigadés de force (...) pour défendre les intérêts de "leur" patrie... Mais après avoir pris les bras, il est également besoin de riz au sein de l'armée française et les responsables du villages tout comme les femmes voient rouge... Le colon blanc voyant que le riz a disparu a la bonne et humaine idée de regrouper les femmes, de les mettre en plein soleil en attendant qu'on leur livre l'endroit de la cachette où se trouve le riz... Les femmes semblent résignées, chantent et semblent attendre que leurs hommes (ou ce qu'il en reste) fassent preuve de la même insoumission.

Film très lumineux et pourtant très noir où l'on voit en action nos militaires métropolitains, le gradé local (qui connaît bien les locaux...) se montrant con comme un bidon alors même que le commandant des troupes de la légion avec son éternel écharpe blanche immaculée se révèle ("il faut employer la force, non ?" répète-t-il à l'envi, épuisant ainsi toute sa capacité de réflexion) con comme une huître. Ordre est donné de récupérer le riz, rien ne pourra les faire varier de leur mission. A leur botte, les recrutés locaux armés sont prêts à tirer sur la population et ce pouvoir (fusil contre lance) suffit à justifier toute action éventuelle... Même quand le chef change en cours de route ("notre grand chef Pétain"... oups, remplaçons les affiches, "notre grand chef de Gaulle"), rien ne vient remettre en question l'exécution des ordres... Des militaires ignobles parfaitement ridiculisés qui vont jusqu'au bout montrer leur limite en terme d'humanité... Certes, les chefs locaux s’empêtrent un brin de leur façon de réagir et il faudra tout ce corps féminin qui ne fait qu'un pour montrer toute la véritable âme et détermination du village. Quand ces femmes, d'un coup, chantent ou dansent, c'est toute l'Afrique qui s'éveille... Des lignes claires au niveau du scénario, des paysages secs comme un coup de soleil et un final qui enfonce le clou sur toute la cruauté idiote de cette domination et de cette époque dites "civilisatrices".  Belle leçon d'un cinéma à l'épure et dur.

 

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