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23 mars 2024

A l'Attaque ! de Robert Guédiguian - 2000

Ça fait du bien aussi quand Guédiguian, tout en gardant son poing levé, se permet d'adoucir son ton et de se moquer un tantinet de lui-même. A l'Attaque ! est franchement irrésistible, aussi rigolo que motivant : on y conserve ses idéaux de gauche, bien sûr, mais on en voit aussi la critique, et c'est bien. Deux récits s'entrecroisent là-dedans : d'un côté, on a deux scénaristes que tout oppose politiquement, et qui se mettent en devoir d'écrire un film politique. L'un tombe dans la caricature facile, l'autre veut en découdre avec les puissants, ça s'échauffe et s'engueule gentiment. De l'autre côté, on assiste au film qu'ils sont en train d'écrire, forcément hachè, raturé, hésitant : une famille de garagistes marseillais confrontée au non-paiement des factures d'une multinationale, ce qui les plonge dans les dettes. Les scénaristes s'en donnant à cœur joie, on ira assez loin dans la réaction anti-capitaliste ; mais on aura droit aussi à la fameuse douceur méridionale de Guédiguian, son humanisme vibrant, ses petites amourettes rigolotes et ses femmes fortes avé l'assent.

En évitant le naturalisme, en ne fuyant jamais les archétypes (les patrons odieux, le prolo sans peur, le Marseillais à grande gueule), Guédiguian crée un très joli conte "méta" : on découvre en quelque sorte les coulisses de son travail, en assistant aussi bien au résultat final qu'à sa genèse. Le film, dès qu'il part vers une voie too much, revient sur ses pas, réécrit, propose une autre version, et la joie solaire qui en émane au final est le résultat de toutes ces virevoltes d'écriture, au départ beaucoup, plus radicales. Comme toujours, le film exalte la vertu du groupe face à l'individualisme, de la lutte face à l'aphasie, de la gauche face à la droite, de la femme face à l'homme aussi. Le petit monde du garage est pittoresque et pagnolesque à souhait, avec cet amoureux un peu béat (Darroussin), ce patriarche qui monte sans arrêt sur ses grands chevaux (Jacques Boudet), cette femme de l'ombre mais qui en fait dirige tout ça discrètement (Ascaride) ; celui des deux scénaristes un brin bourgeois témoigne d'une belle introspection de la part de Guédiguian, qui étonne dans cette auto-critique franchement drôle. Voilà un petit film libre et fier de l'être, qui prône mine de rien une utopie très réconfortante.

 

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