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6 février 2024

Pour Electre (Szerelmem, Elektra) (1974) de Miklós Jancsó

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Vous voulez avoir une idée de l'ambiance de cette Electre signée de notre inénarrable cinéaste hongrois Miklós Jancsó ? Vous avez déjà vu un film de Straub et Huillet ? Bon, ben vous prenez l'inverse et vous pourrez imaginer de quoi il retourne. Si l'histoire (tout du moins au départ) est assez simple (Electre, aidée par son frère Oreste, veut se venger : elle veut tuer le nouveau roi tyran Egisthe responsable de la mort de leur père, le bon roi Agamemnon), la mise en scène, elle, n'est pas piquée des hannetons... On assiste ici à du plan-séquence virevoltant (des morceaux d'une dizaine de minutes avec moult mouvements) au milieu d'un million de figurants, danseurs, chevaux, femmes nues, danseurs, officiers, danseurs... Le texte, certes, demeure assez sobre, mais on peut dire que tout autour cela s'agite... Si l'on reste le plus souvent estomaqué par cette véritable performance cinématographique (ce plan monstrueux qui finit sur les cheveux d'Electre captant divinement le soleil... c'est ce qu'on peut appeler avoir le sens du timing), avouons aussi que tout ce branle-bas de combat folkloro-métaphorique n'échappe pas parfois à un léger sentiment de trop plein, à une certaine esbroufe, voire au ridicule (ce dingue qui jongle avec son sabre en reculant ? Est-ce bien utile ? Ces danseurs savent-ils que la bourrée ne se danse que lorsqu'on est ivre ?). Jancsó n'est pas du genre à faire dans la demi-mesure et montre sa capacité à faire des tableaux hénaurmes - oui, ce n'est pas vraiment un cinéma empli d'humilité...

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Egisthe, ce tyran fouettant son peuple, l'empêchant d'écouter la parole libératrice d'Electre, finira par payer, sans que cela n'empêche d'ailleurs par la suite un massacre - le sang réclamé par Electre semblant provoquer le sang... On se rend ici coup pour coup, on meurt, on ressuscite, tout est possible dans cette vision mortifère de Jancso, même l'apparition d'un hélicoptère rouge... Un oiseau de feu-symbole (tout est symbolique ici... avouons tout de même que, parfois, on s'y perd un peu) pour illustrer à la fois l'actualité (la Hongrie, les seventies, pas l'éclate totale...) de ce combat pour la liberté mais également pour montrer que ce combat est un combat où il faut chaque jour "sur le métier remettre son ouvrage", être prêt à mourir - la recherche d'une égalité entre tous et toutes est à ce prix (grosso modo, hein...). Avouons qu'on finit par être un peu partagé entre l'ampleur de cette vision, ce désir d'en mettre plein la vue et, justement, un certain manque de sobriété, pour ne pas dire de simplicité... On est dans une sorte de spectacle total, qui a ses adeptes, mais qui pique parfois, aussi, un peu les yeux... La "marque de fabrique" de Jancso, oui, indéniablement, même s'il faut bien reconnaître qu'on préférait ses premières œuvres, celles des sixties, tout aussi spectaculaires, certes, mais peut-être un peu moins "factice", surfaite. Un Pour Electre, malgré tout, ravissant pour les yeux et, forcément, non dénué de fond.

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