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31 janvier 2024

Léaud l'unique de Serge Le Péron - 2001

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Et c'est parti  : à peine notre glorieuse odyssée Jean-Pierre Léaud lancée, on trouve déjà des raretés non mentionnées dans les listes. En l'occurrence ce passionnant documentaire sur l'idole, réalisé à une sorte de tournant de sa carrière : un peu oublié, retranché désormais dans les films pointus de Kaurismaki, de Rocha ou d'Assayas (ou de Balasko), Léaud n'est plus l'acteur omniprésent et symbolique de la Nouvelle Vague qu'il fut jadis. Il commence à vieillir, est devenu culte (pour Tsai Ming-Liang notamment, qui le regarde avec un petit air fébrile parfaitement génial), se fait moins médiatique... C'est donc à ce moment-là que Le Péron décide de lui dresser ce portrait énamouré et remarquablement complet malgré ses 50 minutes. Tout y passe de la carrière du bougre, de ses premiers films (et hop, encore un oubli dans la liste, j'y reviens très bientôt) à ses derniers. Bien sûr, les grands jalons qu'ont été Eustache, Godard, Truffaut, Skolimowski y sont, largement commentés et documentés : cette fulgurance de jeu, qu'on revoit avec plaisir dans les extraits de Week-end ou des 400 coups ("il faut savoir recevoir la bonne gifle au bon moment"), et analysée avec pas mal d'introspection par le bougre lui-même. Il revient notamment sur les essais qu'il a passés pour Truffaut, sur l'évidence du travail avec Godard, ou sur sa façon de choisir les rôles, avec une lucidité parfaite, loin de l'orgueil qu'on a pu lui reprocher (il suffit de le voir tenter de discuter avec le tourbillon Varda pour se rendre compte que la mise en avant de lui-même n'est pas sa tasse de thé).

Sans titre

Mais ce sont les cinéastes qui parlent le mieux de l'acteur, et Le Péron réunit franchement les meilleurs. Godard, Kaurismaki, Labarthe, Bertolucci, Assayas, Tsai Ming-Liang, Bonnello, Truffaut (ainsi que quelques acteurs comme Amalric, László Szabó ou Irène Jacob) décryptent le phénomène, et parviennent à trouver les mots exacts pour décrire le jeu si unique de Léaud : un surgissement, une folie déstabilisante qui ne s'obtient qu'avec un travail forcené, une manière de forcer le geste, de prendre à contre-pied le texte ou la situation. Kaurismäki, l'air matois : "Quand vous savez qu'il peut partir à gauche alors qu'il doit partir à droite, ça vous met en danger. Il ne le fait jamais, hein, mais ça vous met en danger." Bonnello : "Il y a du Buster Keaton chez lui.". Godard : "Je le verrais bien dans les grands drames classiques". Chacun y va de sa vision personnelle de l'acteur, dessinant en creux un mystère assez insondable : Léaud est insaisissable, tellement original qu'il en devient une énigme. Ce film est passionnant sur la technique de l'acteur autant que sur la carrière de Léaud (qui, franchement, force le respect), et arrive même à parler des musiques qui lui vont bien, à saisir sur le vif quelques jolis moments de vie, à diffuser nombre d'extraits de films géniaux et à en dire très long sur les cinéastes qu'il a élus. Incontournable.

Le Roi Léaud

Commentaires
G
Toute ressemblance avec Gisèle Halimi sur le premier photogramme est purement fortuite !!
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M
;-)) :)) :-)) <br /> <br /> <br /> <br /> You make my day !!!!!<br /> <br /> <br /> <br /> ("-Quelqu'un aurait cent balles pour aller au bordel?")
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