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17 janvier 2024

Making of de Cédric Kahn - 2024

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On pouvait croire Cédric Kahn enfin revenu au cinéma avec Le Procès Goldman, lui qui a été très oublié pendant une bonne décennie. Las, quelques mois après, le voilà qui nous revient avec un film très maladroit et anecdotique, qui n'est bon nulle part quel que soit le côté par lequel on veuille bien le prendre. Le compère voudrait faire avec Making of sa Nuit américaine à lui, montrer les tourments qu'un tournage de cinéma peut amener, montrer la fragilité du système, la délicatesse avec laquelle il faut mener les acteurs et l'équipe technique, la difficulté à rester sincère avec son projet, les barrières financières et personnelles qui se dressent entre l’œuvre rêvée et le résultat final. Il invente donc cet alter-ego, Simon (Podalydès), sorte de Stéphane Brizé adepte du film social, qui commence le tournage d'une fiction sur une grève d'ouvriers dans une usine qui menace de fermer. Il a un casting solide, une star (Cohen), une jeune débutante prometteuse (Souheila Yacoub), du fric (Beauvois en producteur), un sujet soutenu par les vrais protagonistes de l'histoire, bref du nanan. Mais on le sait : les aléas du tournage (brusque revirement des producteurs, caprices de la star, mauvaise humeur des techniciens, cantine dégueulasse...) peuvent transformer un beau rêve en enfer.

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C'est ce qui va arriver à notre pauvre Simon qui, en plus de déboires sentimentaux, va devoir se battre pour aller au bout de son truc et garder le cap... tout comme les ouvriers qu'il est en train de filmer, et qui constituent une première mise en abîme : les affres du capitalisme et du succès à tout prix se confrontent à la lutte des gars qui ont finalement dû baisser les poings et céder aux exigences des patrons. Mais deuxième mise en abîme : ce que veulent les producteurs, finalement (happy-end, star à l'affiche, simplification de la trame), n'est-ce pas ce que Kahn est en train de faire avec Making of ? Et troisième mise en abîme : un petit gars est engagé pour réaliser un making of du film, et va lui-même phagocyter une partie du scénario avec ses amourettes et ses rêves de cinéma. N'en jetez plus, c'est assez compliqué comme ça. Et c'est bien là le problème : à force de multiplier les trames, et de s'attarder sur des détails infimes ou des histoires de cul anecdotiques, Kahn oublie tout simplement de s'occuper de son film sur le cinéma, le seul qu'on aurait eu envie de voir. Ni les scènes de "fiction" à l'usine, ni les dialogues avec Donzelli sur le probable divorce de Simon, ni surtout les bluettes vécues par le jeune réalisateur, ne sont intéressants. Ce qui aurait pu l'être et qui est à peine esquissé, c'est la difficulté de faire un film, les mille obstacles à résoudre, la somme de compromis qu'il faut y mettre tout en restant fidèle à soi-même. Ce qu'a réussi à exprimer Truffaut jadis finalement.

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Monocorde (ça beugle du début à la fin) et triste (c'est ça, vraiment, faire du cinéma ?), le film accumule les scènes inutiles, jamais drôles, jamais pertinentes, jamais intéressantes. C'est même pas très bien joué (Beauvois est nul, Jonathan Cohen curieusement éteint, quelques petits rôles piquent les yeux), c'est dire le fossé qui le sépare du film précédent de Kahn. Il passe en tout cas à côté du film politique, de la comédie, et même de la mise en abîme qu'il ambitionnait, faute d'avoir su choisir entre toutes ses pistes et faute d'avoir su choisir la bonne. Pénible.

Commentaires
H
Bien d’accord’ alors que j’ai lu/entendu uniquement des critiques favorables. J’ai détesté ce film après avoir apprécié Goldman. Tout ce que tu dis’ j’adhère, j’y ajoute une vision machiste des relations homme/femme. Il a entendu parler de la notion de consentement, Kahn ? Même le jeune gars censé redonner espoir dans le cinéma est insupportable pde ce point de vue. Ne passe même pas le test de Bechdel.
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