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7 décembre 2023

Le Ravissement d'Iris Kaltenbäck - 2023

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Pas vraiment mon genre de cinéma, non, mais pas mal, ce premier film fragile et intelligent d'Iris Kaltenbäck. Ses références sont indiscutables de bon goût (Duras, la tragédie grecque), sa mise en scène exemplaire de sobriété, son scénario solide, rien à dire, c'est de la belle ouvrage. Duquel je suis sorti à peu près aussi touché que par un souffle de vent, toutefois. Bon, résumons : Lydia (Hafsia Herzi, très bien) est une jeune fille discrète et renfermée, taiseuse et pudique, sage-femme passionnée par son taff. Sa meilleure amie, avec qui elle entretient des rapports fusionnels, est à peu près son contraire : délurée, extravertie, caractérielle. Cette dernière accepte mal la naissance de son bébé, elle est victime d'un baby-blues sévère : c'est pourquoi Lydia la supplée avec plaisir dans les tâches maternelles, d'autant qu'elle considère le poupon presque comme son enfant à elle, elle qui l'a accouché, qui lui a même donné son prénom. Elle va peu à peu transformer cet amour en mensonge, en vue de récupérer un amant de passage et de constituer une famille traditionnelle, modèle qu'elle ne parvient pas à obtenir. Mais de mensonges en mensonges, la spirale va petit à petit l'engloutir bel et bien. Cette histoire est racontée au passé, grâce à la voix-off de l'homme (Alexis Manenti, pas terrible du tout).

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Portrait psychologique, film de personnage, essai sur les affres du désir de maternité : il y a là tout ce qui m'indiffère au cinéma. Pourtant, grâce à la sobriété de mise en scène, au beau dessin du personnage principal et au jeu subtil de la comédienne, je me suis laissé embarquer dans cette histoire assez terrible. Cette Lydia, en surface, est une jeune femme sage et tranquille, irréprochable ; d'ailleurs, tout ce qu'elle fait est louable, puisqu'elle remplace son amie peu compétente dans son rôle de mère, puisqu'elle aime sincèrement son Milos, puisqu'elle est très aimante avec le bébé. C'est juste ce mensonge initial qui révèle la petite folie latente de son caractère, cette minuscule déviance qui va la mener jusqu'au drame. Subtilement, humainement, Kaltenbäck décrit cette femme opaque, secrète, finalement profondément malheureuse, et le fait à la bonne distance. On cherchera en vain la moindre idée de cinéma là-dedans, ça n'est pas l'ambition de la réalisatrice. Mais on aura au moins eu droit à une intrigue édifiante, bien racontée comme une fatalité, dans un style hyper-réaliste et crédible. Bon.

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