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26 octobre 2023

Embuscade (Ambush) de Sam Wood - 1950

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Avec de bons vieux outils classiques, on peut faire un fort joli western, voilà ce qu'on se dit après avoir vu ce beau Ambush, réalisé par un type un peu oublié. Sam Wood respecte toutes les règles du jeu du genre, héros virils, Indiens vociférants, action pétaradante, suspense gentillet, paysages grandioses, mais y ajoute une indéniable patte personnelle, en partageant également les enjeux de son film entre grande trame et petites histoires personnelles. On est en effet autant intéressé par le fil rouge principal (sauver une femme enlevée par les Apaches, et régler son compte une bonne fois pour toutes à leur chef Diablito) que par le suspense plus ténu qui court tout du long (sera-ce Robert Taylor ou Leon Armes qui ravira le cœur de la gironde Arlene Dahl ?), petite voie intime prolongée en plus par une autre sous-intrigue : cette femme maltraitée par son ivrogne de mari brisera-t-elle ses chaines pour partir avec le blondinet soldat qui lui fait la cour ? On le voit, les petits frémissements du cœur des hommes (et des femmes) intéressent autant Wood que les grandes batailles ; et ça, moi, les westerns sentimentaux, vous me connaissez, j'adore ça.

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Le film commence par une des plus belles scènes d'ouverture qu'il m'ait été donné de voir, un travelling avant miraculeux qui filme des cadavres criblés de flèches avant que, sur un hurlement d'Apache, on ne voit s'éloigner une troupe d'Indiens tournant le dos au massacre ; puis musique et générique, fabuleux. Voilà qui vous met immédiatement dans le bain de ce film sensible et tendu, dont on pense au départ qu'il va être anti-Indien (ce Diablito est un bel enfoiré) mais dont on découvre à la longue la belle attention à leurs rites et à leurs ruses. Dans ce contexte, la troupe de blancs placée au sein du territoire apache apparaît bien fragile. C'est alors que débarque Robert Taylor, à qui on confie la mission d'aller récupérer une otage au sein de la terrible armée. Robert Taylor c'est LE héros romantique, qui montre ses faiblesses aussi facilement que sa rapidité au colt et sa connaissance des Indiens. Wood lui donne un rôle vraiment beau, loin des clichés du genre : Taylor a un rival amoureux (et crédible), il se fait maraver la tête dans les bagarres avec celui-ci, il est plein de respect pour ses frères rouges, il résout aussi ben les problèmes de cœur que ceux plus couillus, bref on aime ce personnage qui ne perd rien de son héroïsme en gagnant en romantisme.

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Gentiment féministe avant l'heure, même si les comédiennes ne sont pas vraiment à la fête, le film aborde aussi la maltraitance et la solitude au sein de l'armée, ce qui n'est pas anodin. Tout ça n'empêche absolument pas le film d'envoyer du bois quand il s'agit de traiter les grandes batailles : toute la fin est remarquable, même si Wood oublie un peu son style dans les scènes spectaculaires. L'embuscade du titre est l'occasion d'une magnifique séquence bien sanglante et tout ça se terminera dans une ambiance assez amère. Les amours se raccorderont, mais c'est au prix de moult morts. D'ici là, on aura pu admirer le savoir-faire pour cadrer les magnifiques paysages classiques, la beauté de la musique, un noir et blanc chaleureux et des dialogues délicieux portés par les plus compétents des acteurs. Un excellent moment, pour sûr.

Go to the Mid-West

Commentaires
G
Renseignements pris, c'est son tout dernier film.
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G
Je suppose que c'était son dernier film, puisqu'il est mort assez jeune, il me semble, dans ces années-là, ce bon vieux Sam Wood...<br /> <br /> <br /> <br /> Peut-être qu'on aurait davantage parlé de lui s'il avait vécu les années 50 et 60, comme les autres vieux grognards. <br /> <br /> <br /> <br /> Grand escogriffe courtois, on lui filait souvent les tournages à problèmes. Ou bien quand Machin ou Bidule n'étaient pas disponibles. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais il connaissait super bien le boulot, le faisait d'ailleurs souvent mieux que bien , et mérite assurément mieux que cette injuste obscurité dans la postérité.
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