Wahou ! de Bruno Podalydès - 2023

Dès le titre, on sent que ça va pas être terrible. Et ça se confirme : on trouve mon gars Podalydès en toute toute petite forme pour cet opus 2023 bâclé, malaisant et franchement pas drôle. On voit la volonté de départ : croquer un petit groupe de personnages à travers leurs rapports avec l'endroit où ils habitent. Ou voudraient habiter, puisque tout tourne autour des visites qu’effectuent des agents immobiliers un peu losers, mettant leurs efforts à vendre d'un côté une demeure grand standing et de l'autre un appartement. Une petite compagnie d'acteurs se succèdent dans les lieux, donnant à chaque fois son lot de petits sketches drolatiques, nos agents (Bruno Podalydès, Karin Viard et Victor Lefebvre) n'étant pas en reste pour ce qui est de la caricature. Mélancolique et doux-amer, le film tient plus du film à sketches, donc, que de la vraie comédie chorale, et c'est là que le premier bât blesse. Trop éclaté, le film a du mal à trouver son fIl rouge, semble écrit à la va-vite, manque de cohésion. Engagés souvent pour un bref passage, les comédiens n'ont rien à jouer, et comme pour cette fois le réalisateur se montre souvent en panne sèche de fantaisie dans l’écriture, ils sont parfois bien pénibles à regarder : c'est le cas des pourtant compétents Roschdy Zem, Denis Podalydès ou Manu Payet. Ils passent, disent leurs deux répliques, et s'en vont, sans que leurs scènes ne laissent la moindre marque, ou ne soient dotées de la moindre drôlerie. Comme si la dépression menaçait la fragile nostalgie du cinéma du compère, qui savait toujours, jusqu'à maintenant, contrebalancer la grisaille du monde par des séquences légères et drôles.

Même quand leurs rôles sont un peu plus étoffés, on ne parvient pas à se marrer vraiment devant ces petites scènes mal écrites, mal rythmées, un peu ringardes. Le couple de vieux qui refuse de quitter sa maison (Eddy Mitchell et Sabine Azéma), par exemple, forment un duo gentillet mais sans esprit, se contentant d'une situation vieillotte et d'un regard suranné sur l'amour. Même Karin Viard semble chercher ce qu'elle fait ici, avec son personnage mi-sotte mi-fine. Seul Podalydès semble trouver le ton là-dedans, avec ses expressions à la con d'agent immobilier propre sur lui et ses manies ridicules. Les autres occupent des scènes poussives : un groupe de chanteurs qui met trois minutes à s'engueuler comme du poisson pourri, un mari irascible et dominateur qui critique tout, un père de famille qui veut bien payer un appartement à son fils à condition que sa fiancée soit enceinte, une femme dépressive qui veut loger sa mère... tout ça ne passionne guère, et même vous laisse comme un coup de blues au bout du compte. Effet d'autant plus gênant qu'il ne semble pas être voulu par le cinéaste, qui a l'air, lui, de s'amuser comme un petit fou.