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17 octobre 2023

Antonieta de Carlos Saura - 1982

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Carlos Saura se passionne pour le cas d'Antonieta Rivas Mercado, icône mexicaine des années 1920-1930, qu'on découvre grâce à ce film avec intérêt. Cette intellectuelle, indépendante et libérée à l'heure où ça ne se faisait pas encore, fut une des plus ferventes soutiens de la révolution mexicaine, celle qui combattait les despotes bien installés et tentait de mettre en place la démocratie, la république, l'entente entre les castes. Tour à tour compagne du peintre Diego Rivera et du politicien José Vasconcelos, qui faillit se retrouver à la tête de l’État, n'eussent été les malversations du camp adverse, elle a tous les atours de la femme émancipée et forte. Une vie passée sous le signe de la passion amoureuse, mais aussi de l'engagement, politique, intellectuel, artistique, un destin singulier qui nécessitait bien un film. Saura l'organise autour de la fin tragique de la dame : son suicide par arme à feu en pleine cathédrale Notre-Dame à Paris. De nos jours, une psychologue cherche à écrire sur le suicide des femmes, et tombe sur ce cas particulier, prétexte à des allers-retours entre les recherches de la dame (Hanna Schygulla) et les flash-back sur la vie d'Antonieta (Isabelle Adjani).

Antonieta (1982) Isabelle Adjani

Tout ça est bel et bon, mais rien ne fonctionne réellement dans ce film. Au début on apprécie ce montage rapide sur Schygulla qui mène son enquête sur des femmes contemporaines, d’autant que la comédienne est très bien dans ce rôle un peu effacé. On aime aussi sa première découverte d'Antonieta, et cette partie documentaire où Saura nous retrace toute l'histoire de la révolution mexicaine en 10 minutes : images d'archive impressionnante où on voit passer toutes les grandes figues de l’époque, Zapatta, Huerta, Pancho Villa, Obregon. C'est à l’arrivée d'Adjani que ça se gâte. Étonnamment absente, l'air complètement égaré dans ce film en costumes et dans des langues différentes, la belle fait beaucoup pour rendre le film dénervé, déconnecté, cherchant son style. Il faut dire que le regard de Saura sur elle manque de passion. Ayant voulu rendre le plus précisément possible son contexte, la véracité des enjeux politiques, il en a oublié le personnage, qui apparaît banal, sans caractère. Le jeu diaphane et sobre d'Adjani fait le reste : on n'aime pas cette Antonieta, et on se fout un peu de ce qui lui arrive. Enseveli sous la reconstitution historique, par ailleurs un peu fauchée, le cinéaste ne sait pas trop comment filmer tout ça : il se contente d'un objet académique, où tout (figuration, lumière, décors) sent le bon élève appliqué. Le film manque cruellement d'âme, pour tout dire, et sent trop le labeur, l'esthétique des années 80 et la poussière pour vraiment passionner.

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