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14 octobre 2023

Les huit Montagnes (Le otto Montagne) (2022) de Felix van Groeningen & Charlotte Vandermeersch

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On se dit, tiens, c'est dommage... Oui c'est dommage parce qu'il y avait matière à nous emmener un peu plus au sommet. On aime beaucoup ces histoires d'amitié dans le temps, ces pactes entre deux hommes ou deux femmes indéfectibles. Et on sent bien que c'est sur cette pente que les deux cinéastes aimeraient nous pousser. Seulement voilà, si ces paysages de montagne sont rendus dans toute leur splendeur, si on a véritablement des fourmis dans les jambes quand on les voit, père et fils, se faire des petites balades à plus de 3000 mètres, si on s'extasie totalement devant cette baraque en pierre remontée à la main et qui offre une vue imprenable sur la vallée, à deux encâblures de ce lac d'un bleu cobalt, les relations entre nos deux potes, Bruno et Pietro, et même, plus généralement, les relations entre nos deux héros et leur compagne ou père respectifs sont dessinées un peu trop à gros trait pour que l'on fonde comme neige au printemps à la vision de cette œuvre...

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La ligne du scénario est assez claire : Pietro, turinois, devient pote avec Bruno, le gars de la montagne, dès leur plus jeune âge. Chaque été, ils se revoient avec le même plaisir... Et puis les aléas de la vie vont faire que Bruno, pressenti un moment pour suivre Pietro à Turin pour faire ses études, va devenir maçon auprès de son con de père, séparant les deux gamins pour un temps. Pietro, lui, dont le père gère des centaines d'employés dans une grosse entreprise, prend plaisir à suivre ce même pater dans les montagnes quand ce dernier a envie (un peu trop rarement) de prendre l'air... Seulement voilà, en fin d'adolescence, grosse engueulade entre le père et le fils (ce dernier ne veut pas suivre les pas de son père, préférant papillonner que de se tuer à la tâche), et c'est la séparation définitive... A la mort du père, à la trentaine environ pour nos deux héros, les chemins de Pietro et Bruno se recroisent enfin : Bruno (qui a continué de faire des excursions en montagne avec le pater de Pietro quand ce dernier s'est barré du foyer familial) avait promis au père d'icelui de bâtir un chalet sur un terrain paumé, en plein alpage. Les deux amis mettent la main à la pâte, bâtissent une baraque qui a fière allure et renouent leur amitié... Chacun va ensuite suivre sa voie (sédentaire pour Bruno avec femme, enfant et exploitation agricole ; nomade pour Pietro avec écriture et voyages répétés au Népal), tout en se revoyant généralement une fois l'an : l'amitié demeure mais leur petit bilan de bonheur personnel n'est pas toujours tout rose...

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Oui, on était vraiment prêt à marcher auprès de ces deux ados qui se cachent vite derrière leur barbe, derrière ces deux jeunes adultes qui tentent bon an mal an d'arracher un peu de plaisir à cette chienne de vie : si l'amour des montagnes les gagne tous les deux, chacun a une façon très différente d'envisager sa vie, plutôt pépère pour l'un, plutôt aventurière pour l'autre... Là où le bât blesse un peu, annonçais-je, c'est que non seulement les deux cinéastes sacrifient totalement leur entourage (peu de places sont données aux pères ou aux compagnes) et, plus grave, peinent à vraiment sceller de grands moments, des séquences éclatantes et frémissantes, dans la construction de cette amitié... La partie jeunesse est un peu courte (le film dure deux heures trente, il y avait la place...) et les séquences qui les concernent ensuite directement manquent carrément de souffle... Ils discutaillent, boivent le coup, se marrent, mais on ne sent jamais vraiment ce qui ferait de cette amitié (tiens, pas d'homosexualité latente, c'est rare à notre époque - je ricane bêtement) quelque chose d'exceptionnel, de plus fort que tout... On s'apprécie, on se retrouve, on apprécie les silences, ouais, je dis pas, mais on ne sent jamais vraiment non plus un feeling particulier se mettre en place, se développer, prendre vie. Le film, du coup, très joli dans sa facture, peine réellement à nous toucher ou à nous faire frémir, qu'il y ait (ou non d'ailleurs) des éléments dramatiques qui se greffent sur cette histoire. De l'air pur, mais une dimension humaine un peu dans les chaussettes (de rando). Dommage, donc.

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