LIVRE : Les Conditions idéales de Mokhtar Amoudi - 2023

Ah oui, franchement pas terrible ce roman des "banlieues" : il y a forcément quelque chose de louable, je suis le premier à en convenir, à donner la parole à ce cher Amoudi qui semble décrire par le menu sa vie de galère ; des foyers d'accueil (une mère prostipute, souvent aux abonnés absents, faisant même quelques petits passages en prison ; un père ailleurs, invisible) jusqu'à l'obtention du Bac, notre héros devra ferrailler dur pour espérer voir un jour le bout du tunnel de la misère sociale... Certes, il est doué à l'école, mais son "milieu", son entourage, ne favorisent pas vraiment son épanouissement personnel... Victime de la violence (celle de son quartier et des quartiers extérieurs), victime du manque d'argent et du manque d'affection de sa "logeuse" subventionnée, victime de la spirale de la vente de drogue, victime de presque tout en fait, il faudra pour notre jeune ami beaucoup de pugnacité pour se sortir de ces multiples mauvais pas dans lequel il s'enfonce souvent un peu malgré lui. Tout cela est raconté avec une certaine ironie, avec une certaine truculence pourrait-on dire (même les passages à tabac sont narrés sans dramatisation, la petite pointe d'humour semblant même toujours salvatrice), mais cette écriture faussement naïve "dans la peau de l'enfant d'alors" (Gary est passé par là... avec un peu plus de brio...) et ces multiples mésaventures d'un pied-nickelé en banlieue avec tous les passages obligés en relation avec ce petit personnel "administratif" (les assistants sociaux, les profs, les flics, les responsables de mairie...) lassent très très vite. Je ne dis pas qu'on ne ressent pas une certaine empathie envers cet individu qui, parti de rien, sacrifié dès son plus jeune âge, tente malgré tout de faire son trou (en flirtant avec l'illégalité, oui, mais a-t-il parfois d'autres choix s'il veut s'extraire un tant soi peu de ce contexte ?), je ne dis pas que cela ne fait pas plaisir d'assister pour une fois à une auto-fiction qui ne soit pas celle d'un(e) jeune fils ou fille bourgeois parisien ou de province, mais cette petite plume caustique est tout de même un peu légère... On s'accroche pour achever chaque chapitre qui se finit généralement en quenouille (même le voyage en Suisse, avec ses pairs, tourne en eau de boudin...) et, tout en saluant ce parcours du combattant et le fait qu'il s'agisse là d'un premier roman, on peine à franchement s'accrocher à ce style un rien badin et à cette histoire, souvent dramatique, traitée volontairement sur un air plutôt "rigolo". Louable,  disais-je, mais pas ma chicha.