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3 octobre 2023

Pinocchio (Guillermo del Toro's Pinocchio) (2022) de Guillermo del Toro & Mark Gustafson

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L'univers de Del Toro, on le sait, est peuplé de créatures diverses, fantastiques et morbides... Cela donne un indéniable nouveau ton à ce Pinocchio laid comme un pou (une étrange ressemblance avec Nelson Monfort), inamovible tête de bois qui bénéficie de plusieurs vies mais louablement capable de respecter son créateur... On navigue un peu tout du long entre deux eaux : conte cruel marqué par la mort (d'abord le gamin de Gepetto puis celles, multiples, de Pino) mais qui ressuscite constamment de ses propres cendres grâce à la tendresse qui unit ce père et sa créature, récit marqué par la guerre et le nazisme à l'italienne et le foutage de gueule caustique de ce Duce nain, univers impitoyable et sombre (on visite le pays des morts plus souvent qu'à son tour) et monde souvent éclairé par une chaude couleur rougeoyante. Un peu comme ce gars Pinocchio deltoroïsé, on danse un peu maladroitement sur ses deux pieds, un peu saoulé par les passages musicaux ou par la voix nasillarde de ce bambin de bois qui répète trois mille fois les mêmes expressions, tout en reconnaissant un certaine audace aux cinéastes : on est loin du gamin totalement con et naïf et lisse de Disney, on est ici plutôt face à un être rugueux, bancal mais finalement assez touchant, notamment par cette humanité boisée dans un monde qui, lui, se déshumanise peu à peu... Certes, il y a toujours ce sens éternel de l'excès chez notre Guillermo (les personnages "normaux" ont tous des tronches de piliers de bistrot, et que dire des personnages "fantastiques" mêlant masque, cornes gigantesques, yeux à tous les étages - fi, ce monde est torve), ce côté fantasque et fantastique qui tire vers le mortifère et la noirceur, cette évidente surenchère dans l'hénaurme et le grotesque (ce poisson baleine immense et dégueulasse ; cette gentille petite mouette qui explose comme une conne sur une mine...) et puis, et puis, derrière tout cet aspect un peu trop facilement monstrueux, cette volonté de reprendre le récit à son compte et de tramer, dans le doux-amer, une belle et fidèle relation entre un père et son enfant (pour ne pas dire "ses enfants"). On ne dira point que la chose soit parvenue à nous faire couler une douce et gentille larme (certaines longueurs ainsi que la musique assommante de Desplat ont eu légèrement tendance à nous faire quelques fois perdre le fil de la marionnette...) mais on reconnaîtra au moins à Del Toro et Gustafson cette capacité à donner une certaine profondeur (dans le fond et dans la forme) à cette œuvre animée qui, à défaut d'être toujours passionnante, joue avec les ombres : celles dans lesquelles se déroulent des horreurs (du maître du guerre au gus du cirque, on a une belle brochette de personnages sans cœur et violents) et celles (comme pourraient l'être celles des flammes projetées par l'âtre) qui adoucissent généreusement les mœurs familiaux. Knock on wood ? Yes I would.

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