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20 septembre 2023

Magic de Richard Attenborough - 1978

magic

Et Attenborough, on en parle ? Il faudrait me payer pour que je me retape Gandhi ou Cry Freedom, mais, allez, sur les conseils d'un esthète, j'ai bien voulu jeter un œil sur le moins pompeux Magic. L’honnêteté me pousse à avouer que j'ai passé un bon moment, et que j'ai même été surpris par le dynamisme de cette mise en scène, l'intelligence de cette direction d'acteurs et par le fun de ce scénario légèrement Psycho-esque sur les bords. Le film, qui ressemble à un bon vieil épisode de Twillight Zone, déjoue pas mal de nos attentes au fur et à mesure, et on se retrouve relativement troublé par ce personnage borderline, à la fois freak monstrueux et beau portrait de romantique poétique, interprété par l'excellent Anthony Hopkins. Le bougre interprète un artiste raté, incapable de poursuivre la carrière florissante de papa, loser dès le départ, ce qu'on entrevoit dans un numéro de magie minable. On se retrouve immédiatement du côté de ce perdant timide, sclérosé de partout, suant et gentil, et c'est toute la malignité de Attenborough que de nous faire comprendre et adhérer ainsi à un personnage qui va peu à peu devenir un psychopathe.

1978-magic-08

Car, après une ellipse assez audacieuse, on retrouve notre homme en passe de devenir une star. Il a en effet mis au point un numéro de ventriloquie parfait : sa timidité, toujours aussi maladive, est compensée par la franchise trash de sa marionnette Fats, paillard, vulgaire, légèrement inquiétant dans ses débordements. Au moment où il doit signer un contrat pour la télé, terrifié, en plein doute, il part s'isoler dans une maison de campagne. Il va y rencontrer l'amour (la très seventies Ann-Margret), mais aussi y développer une embêtante schizophrénie de plus en plus dangereuse. Qui dirige qui ? Fats ou Corky ? L'émancipé ou le timide ? Le film joue sans cesse sur l’ambiguïté du pantin : a-t-il trouvé une existence autarcique, ou n'est-il que le prolongement des pensées les plus obscures de son manipulateur ? En tout cas, ces rapports ambigus entre homme et marionnette vont mener à moult meurtres et force pulsions sexuelles mal assumées, et tout ça se terminera dans une très belle scène tragique.

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Bon, c'est un petit film, hein, rien de bien spectaculaire à la mise en scène, qui est même parfois un peu brouillonne. Mais ce qui est vraiment intéressant, c'est cette névrose du personnage filmée dans sa plus directe expression. Sous forme de thriller, le film décrit très précisément ce personnage complexe en proie dans le fond de son âme à une folie que dément l'apparent calme extérieur qu'il affiche. Dans cet exercice, Hopkins est spectaculaire, à la fois effrayant et touchant. Dans de belles ambiances forestières ou lacustres bien rendues par la photo crépusculaire, Attenborough se contente de ça, et c'est l'essentiel : voir l'évolution fatale de la démence de son personnage. Magic est un essai réussi sur la folie, qui est de plus assez spectaculaire et assez fin dans ses personnages (celui de l'agent, interprété par Burgess Meredith, est également très original). Alors qu'on s'attendait à voir un vague film fantastique avec poupées qui s'animent toutes seules, on se retrouve face à un portrait assez fin, et à un métrage qui ne sacrifie pas tout à ses effets horrifiques, mais sait prendre son temps pour développer sa trame psychologique. Intéressant, oui oui.

Commentaires
C
Bonjour, j'aurais aimé une allusion à la séquence avec Michael Redgrave dans "Dead of night" (1945 d'Alberto Cavalcanti) : court mais efficace...
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