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8 août 2023

Aïe de Sophie Fillières - 2000

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Hommage respectueux à ce petit cinéma fauché et sans énorme ambition, mais qui est parvenu à me toucher durablement (grâce à Gentille, surtout), représenté par Sophie Fillières, sottement disparue récemment. Mon chagrin a immédiatement disparu à la vision des premières minutes de Aïe : il suffit d'un rien, un petit tic de personnage, une réplique absurde, une manière discrète de pousser le bouchon un peu plus loin qu'il n'est nécessaire, pour reconnaître la bougresse, et se sentir tout de suite bien dans son univers. Ici, c'est un homme célibataire, Robert (André Dussollier), mené par sa sœur dans les couloirs d'une clinique pour lui faire faire la connaissance d'une femme qui pourrait l'intéresser : Claire (Emmanuelle Devos). Seul souci : celle-ci vient d'accoucher. Et qui plus est, c'est une ex de Robert (l'enfant serait-il de lui ?), dans une histoire qui semble pas complètement finie. Situation absurde et gênante, et on connaît la passion de Fillières pour ce genre de scène de malaise, poussant les personnages dans les limites de leur timidité.

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Ce schéma de départ va être bousculé par la rencontre avec Aïe (Hélène Fillières), personnage lunaire et insaisissable dont la cinéaste a le secret depuis toujours. Celle-ci, pas vraiment de ce monde et pas vraiment d'un autre, va servir de catalyseur à Robert pour lui faire découvrir la vérité : il est toujours amoureux de Claire. Il faudra tout un film pour lui ouvrir les yeux, et pour que le baiser sans cesse repoussé ait lieu. Entre temps, les rencontres avec Aïe déniaiseront notre pauvre homme coincé : c'est une série de scènes gentiment décalées, où la femme se montre de plus en plus déconnectée de toute convention, qu'elles soient sociales ou cinématographiques. Le personnage, en effet, ne correspond avec aucun schéma narratif connu, et sa singularité fait tout le charme de ces dialogues complètement inattendus. On ne sait jamais où Fillières va nous emmener dans sa logique folle, et c'est très agréable d'être surpris ainsi dans les dialogues, et les situations. C'est vrai qu'elle pousse parfois un peu trop, et que quelques scènes sont trop volontairement décalées : Aïe qui annonce son appartenance à une autre planète, ou toute la fin, moins intéressante. C'est vrai aussi que, chose rare, Dussollier n'est pas complètement à son aise dans ce cinéma loufoque, et que son jeu paraît un peu forcé, un peu artificiel. Fillières, en ces temps de balbutiements, n'est pas encore au top de ses possibilités et de son ton, et rate quelques séquences, faute d'une écriture assez fine, faute d'un scénario vraiment captivant. Ici, au bout d'une heure environ, on se désintéresse un peu de ces personnages trop fantaisistes pour être crédibles. Toutefois, on prend un vrai plaisir à découvrir un style en train de naître, et on reconnaît déjà la marque d'une cinéaste hyper singulière, à nulle autre pareille et déjà bien fixée sur ses choix.  Elle affinera son ton peu à peu, soyons patients.

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