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2 août 2023

Les Cowboys (The Cowboys) de Mark Rydell - 1972

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Bah de l'ouvrage qui tient la route vaille que vaille, ce western familial plutôt marrant, qui nous présente de surcroît un John Wayne vieillissant et pour une fois conscient de son âge. Rydell pète peut-être légèrement au-dessus de son appareil anal pour un film qui n'a rien de grandiose : un titre programmatique, une ouverture musicale façon opéra, un entracte alors que le film dure seulement 2h10, on sent bien que le gars voudrait nous pondre une fresque grandiose. Il est vrai que le film est doté de moyens conséquents, faisant traverser à un immense troupeau de bœufs les riants décors du Texas, pratiquant le plan large en gourmet, nous en faisant prendre plein les mirettes et le cœur avec sa jolie photo et sa splendide musique du tout jeune John Williams. Surtout, son scénario, bien qu'un peu trop gentil pour plaire à tous les publics, s'avère étonnant. Prenant au sens strict le terme de "western crépusculaire", les scénaristes donnent à John Wayne le rôle d'un vieil éleveur désireux de conduire son troupeau au marché de la ville. Pépin : il peine à trouver des hommes prêts à en chier pour la traversée. Ils sont bien trop attirés par la fortune facile du chercheur d'or, la mode du moment, et renvoient ce vieux briscard à ses fayots et ses rituels d'un autre âge. Notre John se voit obligé de se rabattre sur les écoliers du village, une bande de puceaux malhabiles et sans aucune expérience. L'apprentissage commence, de la capture au lasso des veaux jusqu'au tir à la carabine, sous les yeux mi-tendres mi-méfiants de John, qui se rend bien compte qu'il a fait son temps, et que la jeune génération est là pour l'enterrer définitivement.

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La première partie du film, dépourvue d'événements saillants, raconte ce dressage des mômes en vue de la grande traversée. Puis c'est le départ, et cette fois la vraie aventure commence : poulains qui s'échappe, vaches qui te vous piétinent en moins de deux, discipline fluctuante dans les rangs, cuite au vieux whisky, et surtout traque de la bande de méchants du coin, menée par l'excellent Bruce Dern. John ira jusqu'au bout du bout de sa dévotion à son métier et à son personnage tout de courage. Sans chercher le spoil à tout prix, on a même droit ici à un des seuls films à ma connaissance où Wayne meurt, ce qui montre bien que l'acteur et son personnages sont définitivement entrés dans les ténèbres à cette époque. En tout cas cette deuxième partie est nettement plus violente, et on a même droit à des chocs véritables : la mort d'un môme, la torture d'un autre par Dern, l’exécution de Wayne très brutale. Fini de rigoler : on est dans l'Ouest, fiston, ça ne plaisante pas. La bande de marmots ira à son tour au bout de la mission (ramener le troupeau intact à la ville), et fera même son apprentissage de la brutalité du monde, en vengeant son vénéré chef. Moralité : y a pas de moralité, tu crèves ou tu es crevé, la vie est une jungle noire où les plus grands partent en premier.

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Rien à dire, c'est du beau travail. On s'attend à une sorte de farce autour de John Wayne en baby-sitter, et on se retrouve deux heures plus tard curieusement ému par ce chant du cygne du genre, qui y va frontalement pour développer son thème. La jeune génération replace l'ancienne, plus par respect  pour les aînés que par réelle motivation ; les vrais cowboys sont devenus des petits vieux aux hanches fragiles ; on laisse entrer des émotions de gonzesse dans le genre (la fidélité conjugale, l'amour des enfants, l'égalité Noirs/Blancs). Mais tout ça avec une dévotion totale envers les grands héros de notre enfance : le travail des bouviers est longuement et précisément décrit, et jamais John Wayne n'est traité en vieillard, malgré le ton parfois drolatique du film. Sa fin est même assez poignante. Rydell fait ça avec un sens du lyrisme et un amour du genre évidents, les acteurs sont tous parfaits (y compris la bande de jeunots), c'est enlevé et joyeux mais aussi triste et émouvant, bref on est bien contents de ce petit film de derrière les fagots.

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Welcome to New West

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