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9 septembre 2023

Le Lycéen (2022) de Christophe Honoré

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Moui, bon, ben, bouarf, roooh, non pas que, même si oui, enfin bon, c'est mouais, y'a, mais c'est, mouarf, on est dans, c'est pas si, mais... Ah oui, pardon, essayons d'être un brin plus cohérent pour chroniquer notre vision de ce film d'Honoré que je n'avais d'ailleurs plus tellement honoré depuis trois ou quatre films... Alors oui, c'est une histoire de deuil, grand voile de tristesse sur cet adolescent qui a perdu son père, mais pas que, c'est aussi l'histoire de cet ado on the verge de l'âge adulte, gay déclaré, mais qui cherche encore sa petite voie personnelle... Bref une sempiternelle histoire d'ado un peu paumé, mais avec plein de certitudes aussi, qui veut expérimenter des trucs et qui s'auto-fracasse psychologiquement quand ses sentiments tournent trop en rond... Alors oui, je ne peux pas dire que ce soit totalement déplaisant, on voit le portrait un tantinet nuancé que veut dresser Honoré de cet ado : il a déjà, malgré son jeune âge,  un peu tout compris de la life, est un peu tête à claque, mais ses doutes et ses fêlures (l'impression d'avoir été un peu mis à distance par son père quand il devint clair qu'il fut homo ; la disparition de ce dernier le laissant encore plus désemparé) l'envoient aussi très vite à terre (dépression, tentation suicidaire...) : bref il a son charme, ses certitudes rebelles et ses faiblesses. Un ado, quoi, fort et fragile à la fois... On demeure pour le reste dans du drame sentimental à la française basique : des larmes, quoi, du sang, et un peu de cul aussi, histoire d'égayer un peu le bazar... Ce n'est pas plus raté que certains films d'Honoré, ce n'est pas non plus le plus emballant : on s'amuse (avec un petit rictus facile) des petites mines de cet ado qui, lorsqu'il a cessé de les faire, nous livre son sourire désarmant, on s'amuse de cette mère interprétée par Binoche, au trente-sixième dessous depuis la mort de sa moitié, qui postule pour la meilleure interprétation sans maquillage avant de reprendre sans doute le fonds de commerce de Simone Signoret (dernier stade), on s'amuse de la participation de Vincent Lacoste (bouclé et casquette pour faire djeuns), grand frère colérique un peu con mais pas si méchant... Bref, on surfe sans trop d'effort sur cette œuvre, énième variation sur le thème de "l'ado et le deuil, l'âge des transformations et des prises de conscience" ; Honoré ne démérite pas totalement (en plus... il n'y a pas de chansons... ouf... enfin si, deux trois chansonnettes poussées par l'ado mais c'est du light) mais l'ensemble joue tout de même avec un peu trop de facilité sur le vague à l'âme ado "ben ouais tu vois quoi je me cherche merde"... Passable, allez.  (Shang - 30/03/23)

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Mon collègue vous l'avouera lui-même : il n'est pas un honoréen. Pour moi qui le suis (un peu) plus, je peux toutefois vous dire qu'il a à peu près raison sur cet opus un peu inutile 2022. Rien de déshonorant dans ce tendre portrait d'adolescent qui cherche sa place dans ce monde merdique, mais rien non plus de capital. Honoré tire à la ligne et reproduit sagement ce qui a fait ses grands films (que dautres qualifieront de petits) : un personnage gay en errance, sa famille légèrement borderline, quelques chansons pop parfaitement hype (ça va de Sylvie Vartan à Robert Palmer ou à Orchestral Manoeuvre in the Dark), un mélange doux-amer entre grands drames (rhaaaaa ma sexualité n'est pas reconnue par mon père qui est mort, rhaaaa le monde des adultes me refuse, rhaaaa mais comment parvenir à communiquer avec ce frère qui habite dans un autre monde ?) et petites joies (c'est super de courir dans les rues l'hiver, cool ce morceau de guitare, chouette cette baise sans façon). Sans se forcer outre mesure, notre Christophe Honoré déploie sa panoplie de bobo mal dans sa peau, et si ça peut agacer un brin, on peut trouver aussi un certain plaisir à suivre les petites aventures de ce jeune garçon crispant et attachant, surtout qu'il est campé par un jeune comédien attachant : Jérôme Kircher, joli acteur entre enfant et homme au jeu insaisissable comme son personnage.

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Vous y ajoutez une star éternelle (Binoche, qui en fait tout de même suffisamment dans ce rôle de mère dépassée mais aimante), une mise en scène attentive aux petits changements de lumière et aux battements du cœur, et vous obtenez un film pas si mal, voire même sympathique quand il s'attaque à son sujet principal : les rapports fraternels. Lacoste, qui n'est jamais aussi bon que quand il est dirigé par Honoré, est une parfaite incarnation de l'aspect ami/ennemi du Grand Frère, et les plus belles scènes sont celles de confrontation ou de tendresse entre les deux frangins que tout pourrait opposer, mais qui trouvent un terrain d'entente assez indicible. Honoré, amoureux des rapports familiaux comme des relations entre hommes, réussit merveilleusement ces passages-là, touche à quelque chose de très juste quand il scrute ainsi l'admiration du plus jeune pour son aîné, lui-même encore à moitié enfant. Voilà qui fait oublier les gavants tics de mise en scène du réalisateur, sa soif désespérée d'être à la mode, et les scènes un peu convenues qui font leur apparition régulièrement. Allez, dans la moyenne.  (Gols - 09/09/23)

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