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28 janvier 2023

SERIE : En Place de Jean-Pascal Zadi - 2023

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On ne sait pas trop où placer Jean-Pascal Zadi sur l'échiquier du cinéma contemporain, dirais-je : est-ce un sombre abruti à la mode pour quelques mois, ou son talent singulier est-il viable ? Pour s'en assurer, pourquoi pas jeter un œil à cette série qui s'annonce comme une continuité de Tout simplement noir. Cette fois, le bougre interprète un brave éducateur de banlieue poussé un jour, à cause d'une altercation avec un politique relayé par les réseaux sociaux, à se présenter à l'élection présidentielle. Le gars très cash et un peu naïf, y va avec la candeur qui s'impose, soutenu par un conseiller douteux (Eric Judor) et par une bande de bras cassés assez réjouissante. Et peu à peu, il grimpe dans les sondages jusqu'à menacer les candidats officiels : un socialo très opportuniste (Poelvoorde), une militante écolo radicale (Marina Fois), et un facho zoophile (Pierre-Emmanuel Barré). Sans programme autre que "on va bouffer gratos", notre candide parviendra-t'il au sommet en évitant les pièges de la politique politicienne ?

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Le fait est que la série est assez marrante, grâce notamment aux saillies toujours irrésistibles de Judor et à quelques seconds rôles savoureux (le garde du corps complotiste). Le film déroule avec fraicheur ses événements et sa candeur, en vrai bon feel-good movie, et on finit par s'attacher à ce brave type et à sa campagne. A la fois présent et absent, Zadi use d'un jeu étrange, ni tout à fait burlesque ni tout à fait réaliste, et ça marche parfois : lors du débat télévisé face à Fois, par exemple, où il finit par être plus convaincu par les arguments de son adversaire que par les siens, son personnage trouve une vérité et une épaisseur intéressantes. Souvent résumé à une suite de sketches plus ou moins réussis (comme l'était le long métrage), En Place touche parfois, fait rire souvent, mais déçoit aussi pas mal. La faute à ce ton finalement très populiste que Zaid semble manier au premier degré. En gros : les politiques habituels sont tous grossiers, corrompus, félons ; et le petit candidat de banlieue arrive comme un sauveur tout de bonté. Zadi est pris en flagrant délit de bons sentiments avec son "Mr Smith" et son discours "non à la guerre et à la misère" très naïf. On aurait aimé assister à un jeu de massacre plus sanglant, à une critique plus intelligente du petit monde politique, à une vraie réflexion sur la viabilité ou non d'une parole enfantine (car la parole de ce candidat de banlieue l'est) dans ce monde complexe. Ce genre de choses, quoi. Mais Zadi préfère se draper dans son opportunisme facile, et affiche une vision politique proche du zéro. Il se montre bien plus habile pour déranger sur des scènes de pur gag (un gospel entonné sur un parvis d'église, une conseillère voilée qui devient la cible des remarques racistes de Judor) que sur le fond de son film. A noter aussi que, contre toute attente, il évite complètement l'écueil du communautarisme, le moquant même a détour de quelques répliques : non, ce n'est pas l'histoire d'un candidat noir à l'Elysée ; c'est l'histoire d'un "sans-dent" à l'Elysée. Sympathique moment bête et gentil, mais drôle et réconfortant.

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