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18 août 2023

Venez voir (Tenéis que venir a verla) (2023) de Jonás Trueba

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J'en vois qui s'emballent tant et plus devant cette nouvelle petite œuvre sympathique de Trueba, il faut, je le pense, raison garder. Même si le film, baignant dans une musique pianesque adoucissante qui ouvre avec brio cette œuvre courte mais intelligemment structurée, citant avec force conviction des passages d'un livre ou de la poésie pour revenir à des relations humaines plus sincères, plus solidaires, à un retour apaisé à la réalité, à la nature après cette période covidaire isolante, même si ce film, disais-je, aime à jouer de ce va-et-vient entre art musical et littéraire et des images cinématographiques pleines de vie, lumineuses, et va même jusqu'à oser sur la fin une vision méta de la chose comme pour donner encore plus de relief à cette "œuvre amicale d'une journée de printemps", on ne va pas forcément hurler au génie avec les loups... Le film, divisé en deux parties, nous présente tout d'abord deux jeunes couples, dans un bar, écoutant une oeuvre interprétée au piano. L'un des couples, qui vient de lâcher the nouvelle (un bébé serait en route), invite leurs amis à venir partager une journée dans leur nouvelle maison de campagne - proposition qui n’enthousiasme guère lesdits amis, tout urbain qu'ils sont... Six mois plus tard, nos bobos se décident malgré tout et vont enfin voir leurs potes... Visite de la maison, partie de ping-pong, confessions (une ellipse joliment menée au passage sur un sujet crucial) et petite balade dans les champs au programme... Et là, tu la sens l'herbe fraîche, tu la sens la douceur des rayons de soleil sur ton épaule... et l'insouciance d'un échange pingpongesque, on en parle ? Oui, Trueba, en peu de temps, nous expose ces deux couples au choix de vie opposé, les légères dissensions entre eux, et cette touchante petite harmonie finale - oui, en effet, c'est apaisant comme un petit baume sur les tempes après des temps un rien troublés et renfermés (par rapport à la nature et tout autant sur soi) ; mais ce petit impromptu cinématographique, ce petit bonbon des champs, n'a rien non plus de particulièrement transcendant pour nous clouer le bec ; on reconnaît une certaine justesse dans les échanges à quatre, chacun défendant son petit bout de gras, mais on est loin d'être aussi charmé ici que par les précédentes oeuvres, estivales ou adolescentes, du sieur Trueba. A voir, sans précipitation.  (Shang - 02/01/23)

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TENÉIS_QUE_VENIR_A_VERLA_mood_02-0cfc98a784c4

Un beau film, tout de même, au charme insidieux (vu il y a quelques jours un peu sans passion, mais aujourd'hui, il me hante un poil). On ne sait pas vraiment par quel bout le prendre, tant le film est pudique, refuse de se dévoiler complètement, de montrer ses cartes. Portrait d'une amitié qui se délite ? de couples en crise ? d'une séparation en bonne et due forme, venant de la jalousie, de la lutte des classe mal digérée, voire de sentiments amoureux troubles ? Ou simple chronique du temps qui va, simple tranche de vie d'un certain état de la jeunesse espagnole cultivée et intellectuelle, simple film rohmérien tentant d'attraper quelque chose d'ineffable dans la vie de tous les jours ? Eh bien, un peu tout ça, je dirais. Trueba est un homme de peu de mots, mais expert dans l'évocation, dans le sentiment ténu. Il lui suffit d'un tout petit regard, d'un geste esquissé, d'un temps un peu trop long après une phrase, d'une posture de corps, voire d'un plan soigneusement préparé pour être le plus parlant possible (ces cadres sur les quatre personnages isolés écoutant la musique qui ouvrent le film, magnifiques) pour dévoiler mille subtilités et 14000 non-dits dans les rapports entre ces couples-là. C'est subtil et délicat, même si, ça et là, notre ami tombe un peu dans la posture : les ratiocinations philosophiques sur un livre qu'ils sont en train de lire semblent un peu too much, et on sent parfois que Trueba s'interdit de dire les choses à la seule fin de nous plonger dans la perplexité. Malgré ça, on admire cette façon de raconter des choses profondes (la séparation, l'amour ou l'amitié qui s'en vont, la douleur du deuil, le temps qui emporte tout, la fragilité d'une journée) avec une telle épure, une telle simplicité. Baignée de lumière estivale (Trueba est décidément le meilleur pour filmer le soleil), cette histoire, douce et légère en surface, dévoile peu à peu des thématiques beaucoup plus troubles, et c'est tout à l'honneur du cinéaste de savoir raconter ça en si peu de mots, si peu de temps (ça dure 1h à peine), si peu de démonstration. Bien aimé, moi.   (Gols - 18/08/23)

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