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23 juin 2022

Le Fantôme du Moulin-Rouge de René Clair - 1925

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Il n'y a pas que des grands chefs-d’œuvre dans la période muette du 7ème art, il y a aussi des centaines de petits films pas déplaisants, distrayants, bon enfant, qui se regardent avec plaisir et s’oublient dans les deux minutes. C'est le cas de ce petit René Clair, qui contient suffisamment d'éléments fun pour supporter la vision, mais aucune vraie scène notable. L'essentiel de l'intérêt est contenu dans son dernier tiers. Le reste paraît en effet bien fadasse, même si on aime les ambiances désuètes et les amourettes vintage : Julien Boissel et Yvonne je-ne-sais-plus-comment s’aiment d'amour tendre, et c'est bien puisque monsieur est riche. Mais mais mais voilà le funeste, vieux et moche Gauthier, patron d'u torchon de la presse populaire, qui, grâce à un chantage, parvient à obtenir de papa la main d'Yvonne. Désespéré, Boissel plonge dans l'alcool et les filles à la jambe légère du Moulin-Rouge. Jusque là, le film est très classique et même un poil fade, envahi d'intertitres et de plans fixes sans envergure. Quand on connaît l'énergie de René Clair, sa science des effets spéciaux, son regard dynamique sur les choses, on est en droit de soupirer un peu, d'autant que autant les situations convenues que les acteurs fades ne parviennent pas à relever la sauce. On a pourtant un Albert Préjean qui ne s'épargne pas en journaliste audacieux, et une Sandra Milovanoff très bien dans la pâmoison. Mais on s'ennuie quelque peu.

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Au contact du Moulin-Rouge, Clair semble se réveiller un peu et retrouver son inspiration. Le montage est habile entre les demoiselles qui lèvent la jambe et notre pauvre Boissel qui s’enivre, il y a même une jolie suite de plans quand il est complètement cuit, pour montrer les effets de la vodka-pomme sur son esprit : le moulin qui se dédouble, les jambes qui s'agitent de plus en plus, on s'y croirait. C'est surtout à partir de ce moment-là que l'histoire prend un tournant fantastique et devient plus intéressante : Boissel rencontre un mystérieux docteur qui va tenter sur cette âme perdue une expérience de séparation de l'âme et du corps. Ni une ni deux : voilà notre homme libéré du poids terrestre, et hantant les lieux parisiens pour jouer des tours pendables à ses contemporains ; et vas-y que je joue avec ton chapeau, vas-y que je pique tous les manteaux de la consigne, vas-y que je me laisse porter par le flot des voitures parisiennes, vas-y que je fréquente les coulisses des cabarets, le tout avec un sourire hilare. Vas-y aussi que j'envisage une vengeance en bonne et due forme envers ce salopard de Gauthier qui m'a piqué ma femme. Encore faut-il que le bougre n'oublie pas qu'il a un corps, qui sera autopsié à heures...

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Surimpressions à deux balles et trucages à l'ancienne : cette partie-là est clairement plus fun, même si tout ne fonctionne pas dans les idées de René Clair (le côté surf sur le trafic parisien, par exemple). Mais on aime cette bagarre entre le professeur et le fantôme, on aime cette séquence dynamique où notre homme balance tout ce qui lui tombe sous la main à son ennemi juré, on aime cette partie comique où il veut absolument éveiller l'attention d'un type sur un dossier. Bref, c'est nettement plus enjoué et rigolo, parfois chargé d'un gentil suspense, et les acteurs ne s’économisant pas pour rendre tout ça le plus spectaculaire possible, on suit ça avec plaisir. Ajoutons que la musique, ajoutée lors de la rénovation du film, est vraiment inspirée avec cette harpe entêtante. Bon, voilà, pas de quoi se relever la nuit, mais sympathique petit film.

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