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24 mai 2022

Frère et Soeur d'Arnaud Desplechin - 2022

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Desplechin ne cessera jamais de passer de cimes en abysses. Quelques mois seulement après sa merveille intimiste et sensuelle (Tromperie), le voilà de retour avec un film complètement raté, ennuyeux et caricatural : Frère et Sœur, l'histoire jamais crédible de la haine totale et inexplicable née entre Alice, comédienne célèbre mariée avec un grand metteur en scène, et son frangin Louis, écrivain misanthrope rongé par la mort de son fils. Au départ, une relation basée sur l'admiration du garçon pour sa sœur, puis, subitement, au cours d'une soirée, la déclaration de haine qui vient (la seule scène vraiment super), et depuis un sentiment qui n'a cessé de croître jusqu'à l'obsession, et qui a fait exploser cette famille. A l'occasion d'un accident de la route des parents (et de leur mort probable), la fratrie est bien obligée de se réunir autour des lits de souffrance parentaux : cette rancune va-t-elle se résoudre enfin ? va-t-on connaître les raisons de cette haine atavique ? arrivera-t-on à une réconciliation ? Comme toujours, Desplechin organise un portrait de famille violent et sanguin, et observe les liens sacrés se faire et se défaire au gré de saynètes théâtrales et exaltées. Pas de réalisme ici, Dieu merci, on sait que le bougre se méfie comme de la peste de la véracité, mais au contraire des dialogues très écrits, très littéraires, des réactions et des comportements bigger than life, des personnages fantasques et des situations quais-fantastiques (avec même une incursion franche dans le merveilleux). Bref, tout ce qui fait l'univers desplechien ; mais parfois ça donne des merveilles (j'ai revu Rois et Reine, j'y reviens), parfois des purges...

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Rien ne va là-dedans. Dès le départ, une scène trop hystérique jouée dans l'excès, on se rend compte que Desplechin, pour cette fois, n'a pas réuni le bon casting : Poupaud est nul, cette fois c'est acté après plusieurs rôles un peu malaisants : il a tout le long une sorte de jeu faux, décalé, nerveux sans raison, qui rend le personnage complètement détestable et jamais crédible. Contrairement à Amalric, Dolmaire ou Podalydès, qui rentraient comme dans un gant dans cet univers irréel, Poupaud n'a jamais les épaules pour se frotter à un tel challenge, et il montre très vite ses limites de jeu. Quant à Marion Cotillard, elle a l'air de ne pas comprendre ce qu'elle joue, balançant ses yeux mouillants et ses pâmoisons comme une Romy Schneider 2.0, jouant sans aucune distance et aucun humour un personnage pourtant très caricatural de sorcière. Il y a même, aberration, Patrick Timsit en second rôle, et il est franchement pathétique das ses tentatives de tirer le film vers une sorte de burlesque sombre. Avec des acteurs autant à côté de la plaque, le film ne prend jamais, se fait même carrément chiant dans plein de séquences. Séquences, d'ailleurs, dont on a du mal à comprendre l'utilité dans le déroulement du film : une cérémonie juive inexpliquée, une scène d'accident de la route longuissime, Timsit à cheval ou Golshifteh Farahani en casque de spéléo, une admiratrice roumaine qui donne un cachet cassavetien au film, une soirée à l'opium histoire de dévergonder un peu les personnages, une fin qui n'en finit pas de finir (quelle horreur, ces épilogues dans les épilogues), tout semble placé là dans une intention profonde, pour raconter quelque chose, pour symboliser des tas de trucs, mais tout fait faux, plaqué, ajouté pour faire sens (ou pour arriver aux 110 minutes)... ou alors tout m'a échappé, ce qui est possible. On s'ennuie, on soupire devant les grimaces des acteurs, on s'agace devant ce scénario psy qui fait tout pour éviter de l'être, on ne se console que vaguement devant le montage habile et la mise en scène un peu classique mais efficace, et on se remémore les grands films du sieur en soupirant. Raté.

Sans titre

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