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5 février 2022

SERIE : La Corde de Dominique Rocher - 2021

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Qu'est-ce qu'elle devient, Suzanne Clément ? Et Jean-Marc Barr ? et Jeanne Balibar ? Ma foi, ils suivent une corde dans cette série philosophico-fantastique pas désagréable proposée en ce moment par Arte. Oui, je m'explique : dans la forêt jouxtant une base de scientifiques perdue en Norvège, un gars trouve un beau matin une corde déroulée. Suivant celle-ci, il se rend compte qu'elle va très loin. Une équipe de chercheurs, pour tuer le temps un dimanche, chaussent donc leurs souliers de rando, remplissent un petit sac, et les voilà partis à la recherche du bout de la corde. Cette équipée va se transformer en cauchemar, puisque la corde, qui semble sans fin, va s'avérer être la catalyseur de toutes les violences, pulsions, tentations du groupe, et se montrer bien meurtrière. Bien sûr, nos amis peuvent toujours faire demi-tour, et rentrer à la base ; mais bah, poussons encore un peu plus loin, quelques heures, maintenant qu'on est partis, non ? Sur fond de recherche extra-terrestre (ils sont en quête d'ondes pouvant permettre de lire l'univers entier), les humains se déchirent. En réchapperont-ils ? combien rentreront du voyage ? et le petit groupe resté à la base parviendra-t-il à lancer ce fameux programme stellaire ?

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Un film mystérieux, vous le voyez, à la fois métaphysique et fantastique. On ne sait pas trop où les auteurs veulent nous emmener exactement, et les pistes explorées par La Corde sont multiples. On peut y voir une réflexion sur le péril écologique (avec cette façon de "tirer sur la corde", de toujours s'obstiner à poursuivre dans une direction plutôt que de rebrousser chemin), un message ésotérique (l'abstraction de cette corde comme symbole d'une quête de Dieu ou d'un sens à la vie), une satire sociale (un groupe qui se détruit pour un but absurde) ; on peut aussi y voir un simple suspense fantastique sur fond de recherche cosmique, ou mieux un vaudeville amélioré, les histoires de cul s'effectuant sans frein une fois le mari parti en forêt. En tout cas, les gusses (et l'auteur du roman d'origine, Stefan auf dem Siepen) ont eu une brillante idée avec cet objet insignifiant débouchant sur une symbolique hyper vaste sur la fin. Les lectures sont vastes, mais la série n'est jamais cérébrale ou figée : joliment photographiée, mis en scène avec habilité, elle reste toujours dans l'action malgré les longueurs, dans le suspense, dans l'attente de la résolution (qui sera assez rigolote, dans la toute dernière seconde du film). On est beaucoup plus dubitatif face à la distribution très inégale : les acteurs ont l'air un peu emmerdés avec ces scènes abstraites, avec ces situations improbables. C'est tellement absurde que la crédibilité n'y est pas, et nos amis ont beaucoup de mal à faire croire à leurs réactions puisqu'elles ne sont que des symboles. On aime bien cette petite bande, mais on a mal pour Jean-Marc Barr quand il doit se mettre à sangloter pour on ne sait quelle raison, ou pour Balibar quand elle doit perdre ses boyaux. Ils sont pas terribles, autant le dire, et ce n'est pas la pénible Christa Theret ou la vacillante Planitia Kenese qui vont renverser la tendance. C'est bien dommage, la série comporte pourtant assez de scènes spectaculaires pour qu'ils aient loisir de s'ébattre. Mais mal dirigés, un peu perdus, ils échouent à faire passer une quelconque émotion, et La Corde finit par n'être plus qu'un objet, assez intéressant certes, mais froid et trop cérébral.

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