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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
5 janvier 2022

LIVRE : Sidérations (Bewilderment) de Richard Powers - 2021

4ec7181cf2ef3c5997e5191e96565848Voilà encore une bien belle découverte de cette dernière rentrée littéraire (alors qu'une autre vague approche...) avec ce roman de Powers (thanks Gols, il sait) placé sous la lointaine influence des Fleurs pour Algernon. Il s'agit surtout ici des rapports entre un père et un fils, un fils qui a quelques problèmes pour s'adapter, dira-t-on, au monde actuel (et ses légères dégradations environnementales) et au monde tout court. En l'absence d'une mère décédée accidentellement, le père tente autant que faire ce peut de s'occuper de son gosse en l'emmenant dans la nature, en le faisant voyager mentalement (il est astrobiologiste et invente des mondes extra-terrestres, genre de Saint-Ex moderne) et en lui faisant suivre (on est dans une dystopie proche) un nouveau programme thérapeutique (à l'essai) qui permet aux gens de retrouver, de se rapprocher, de ressentir les émotions de ses proches (et ici, en particulier, pour le gamin, de sa mère)... De science, il est question, mais avec modération, Powers laissant beaucoup de place à ces espaces naturelles observées de près, à ces espèces en disparition, à cette richesse surnaturelle (si) de la nature. Mais avant tout, of course, ce qui touche ici, c'est cette proximité entre ce père et ce fils, autant par ce combat du père contre les institutions (l'éducation nationale, cette machine...)que par cette complicité qui les lie : cette relation est ici tellement bien restituée, tellement réaliste, qu'on a bien du mal à se dire que tout cela n'est pas hautement autobiographique - tout le reste ayant du même coup une même patine réaliste malgré les quelques dérives science-fictionnesques.

Ce roman, de la planète Terre aux planètes lointaines de la galaxie, constitue bien sûr un véritable hymne à notre environnement naturel, le parallèle entre les troubles du gamin et les troubles (relativement) récents de notre planète bleue s'imposant dès le départ... Le narrateur, proche d'un certain militantisme par le biais de sa femme (qui agissait pour la protection des animaux), retrouve avec ce gamin terriblement sensible aux dérèglements naturels, les mêmes problématiques : faut-il dorénavant se concentrer en priorité, pour ne pas dire uniquement, sur ce problème (et rentrer dans un certain extrémisme...) ou peut-on encore tenter de relativiser alors que le tout commence à sentir le roussi... Powers évite tout dogmatisme mais parvient à nous rendre attachant aussi bien ce gamin un peu perdu, que ce combat (perdu d'avance ?), que cette relation entre un père et un fils qui ne va pas parfois sans certaines tensions (dues, il est vrai, surtout par la pression extérieure, les institutions semblant une nouvelle fois pas toujours adaptées aux problèmes des personnes "en marge"). La lecture est en tout cas passionnante nous faisant découvrir des mondes inconnues et nous rendant plus proche ce monde déjà connu que l'on a sûrement parfois tendance à négliger trop habitué qu'on est, sans doute, à sa beauté - à en devenir aveugle... Une ode à la vie doublé d'un récit très prenant, pour ne pas dire troublant et émouvant, entre un père et son bambin : sidéré ? quasi.

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