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Shangols
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10 octobre 2021

LIVRE : Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes - 1959

Sans_titreJe suis désolé pour ma chère fournisseuse officielle de bouquins de SF (genre qui me déplaît hautement, mais peut-être par ignorance, me disais-je), mais franchement, hein, quand même, merde... Des Fleurs pour Algernon raconte l'histoire de Charlie, attardé mental. Des savants, après expérimentation sur une souris appelée Algernon (en 1959, dire non à Alger, quand même...), l'opèrent et lui innoculent l'intelligence. Le voilà qui devient un génie dans tous les domaines. Mais la souris décline, et avec elle le père Charlie, qui va redevenir un idiot. Voilà, ça s'arrête là. Il ne devient pas président des Etats-Unis, ce qui aurait fait une jolie fin.

Les métamorphoses et pensées de Charlie sont écrites à la première personne, sous la forme d'un compte-rendu rédigé par le cobaye lui-même. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'intelligence qu'on lui a offerte ne l'a pas conduit à écrire correctement. L'écriture de Keyes est d'une platitude désespérante, une suite de phrases sans âme, sans style, comme rédigées en stage d'écriture. Son histoire, quant à elle, ne tient pas la route, manque de profondeur, alors que le sujet de base pouvait donner de belles choses. Keyes a beau faire des allusions (pertinentes) à Platon et au Paradis Perdu de Milton, il peine à trouver la réelle signification de son histoire, et se laisse aller à une construction classique et pauvrette. Il y aurait eu de la place pour un sujet plus fort, le thème rousseauiste de "l'imbécile heureux", par exemple. Rien ne surprend là-dedans, et on sait à la 3ème page quel va être le déroulement de tout le livre (les flash-backs misérables sur le passé familial de Charlie, les difficultés avec les professeurs responsables de son opération, les amours contrariés, la décrépitude, etc.). On baille d'ennui devant ce scénario mal écrit et pas fini, ce qui est quand même un comble pour un truc de science-fiction. Bref, au niveau construction d'ensemble, ça ne s'élève pas au-dessus d'un Werber, et ça ça calme. Les seuls passages un peu intéressants et tenus concernent le retour de Charlie à son idiotie d'antan, où là, on sent flotter le sujet qui aurait pu être intéressant : quelles différences entre la culture, la mémoire, la sensibilité et le génie ?

Chère fournisseuse, encore un effort ! Je demande juste un peu d'écriture... (Gols 02/09/06)


9782081643024L'ami Gols n'a jamais été un grand adepte de la fausse candeur - c'est ce qui le fait passer à côté de merveilles comme Ma Vie de Chien ou encore Salinger (oui, qu'il aime sûrement un brin mais pas...). Ceci dit, certes, Keyes, ou sa traduction, ne brille pas par son style, c'est un fait puisqu'on est là dans du pur factuel, les compte-rendu s'enchaînant de façon un peu plate... Mais l'intérêt est bien sûr ailleurs, non pas tant dans l'aspect science-fiction (dont Gols n'est pas non plus un adepte mais qui ne reste ici, sur l'ensemble du roman, qu'un petit détail - une simple opération du cerveau qui fonctionne, cela reste bien sûr utopique sinon cela ferait longtemps qu'on aurait réparé celui de Z.), que dans la prise de conscience progressive d'un être totalement à la marge (puisque considéré comme débile léger) à la fois de son rejet, de son trauma que de ses nouvelles capacités. Si le déroulé du roman est en effet un poil (de souris) prévisible, il est assez réussi, et touchant, dans cette façon qu'a notre héros, Charlie, de se souvenir de toutes ses blessures, de toutes ces situations où il fut rabaissé, moqué, humilié, détruit... Son handicap, loin de provoquer la pitié ou la compassion, va permettre à son entourage (de sa mère à ses collègues en passant par les scientifiques) de voir en lui un parfait bouc-émissaire pour toutes leur frustrations, leurs envies larvées. Cette façon qu'a Charlie, précisément, de faire revenir en sa mémoire toutes ces blessures va lui permettre de porter un autre oeil sur les personnes soi-disant "bienveillantes" qui l'entourent, sans rancoeur ni rancune, modestement, candidement presque. L'autre aspect que Keyes met joliment en exergue est justement cet autre côté de la balance : plus Charlie devient intelligent, plus il crée le vide autour de lui - comme s'il devenait insupportable à son entourage de se voir tout d'un coup dans une position inférieure à lui. Cette mesquinerie de ses proches (l'arroseur arrosé) est plus acide qu'elle n'y paraît au premier abord. De plus, si les capacités intellectuelles de Charlie augmentent, il reste chez lui un vide, un manque émotionnel (dans ses relations amoureuses en particulier) qui demeurent quasiment impossible à combler et c'est là encore une chose sur laquelle Keyes met intelligemment le doigt. Certes, le roman aurait pu être beaucoup plus flamboyant, aurait pu se faire beaucoup plus profond, "référentiel", mais c'est aussi ce qui lui donne son côté touchant, sincère tout en traitant de domaines plus pêchus qu'il n'en ont l'air. Au moins une petite fleur pour la chose.  (Shang 10/10/21)

Commentaires
A
Cher ***tie*<br /> Merci de ton soutien, qui réchauffe le coeur. Commençant à connaître l'individu Gols, je ne me formalise plus de ses critiques venimeuses à l'encontre de mes goûts littéraires et musicaux. Je le plains juste de ne pas apprécier, car c'est un putain de beau livre, et qu'il manque vraiment de belles choses. Ceci dit il se rattrape, et c'est aussi pour ça qu'on l'aime.<br /> Courbettes basses et respect infini
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G
Je lis ton commentaire, et je fais mon auto-critique, ce caractère suffisant et borné doit venir de moi, et uniquement de moi, me dis-je. Je pense que mon récent "quiconque n'aime pas ce film est un sombre con" sur la critique de Singin' in the Rain ne doit pas arranger les choses... Mea culpa, donc, je vais tenter de rectifier le tir. Tu sais ce que c'est, on s'emballe, on s'emballe...<br /> Sache tout de même que la fournisseuse citée plus haut est une merveilleuse fée, et que je l'adore. Non, elle ne lit pas que de la merde ; et, non, ma dernière phrase n'était là que pour la formule. Je pense qu'elle l'aura compris.<br /> Commentaire salutaire, gars B***ien, il est bon de se faire rappeler à l'ordre parfois.
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*
Et bein elle va etre contente la fournisseuse... non seulement elle a des gouts de merde, mais en plus c est une conne (bein oui, on demande juste "un peu d'ecriture", pov fille va!).<br /> Ca devient un peu une habitude sur ce blog... C'est penible... Mais bon, je ne suis pas chez moi... c est pas mon blog... je le squatte... du coup j ai rien a dire... ce blog, je l aime ou je le quitte...<br /> Je ne comprend pas trop ce qui vous arrive, vous etiez bons, droles et decales. Vous etiez "pointus et necessaires", vous devenez bornes et suffisants. Dommage, je vous aime bien. C est peut etre a cause de la rentree... Ca rend personne heureux... A plus quand meme...
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