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4 décembre 2021

Sabata (Ehi amico... c'è Sabata, hai chiuso !) de Frank Kramer (aka Gianfranco Parolini) - 1969

Sabata

Ah il ne faut pas s'attendre à du bon goût dans les westerns italiens de la fin des années 60, surtout quand, comme ici, ils sont des parodies de parodies, en l'occurrence des pastiches de Sergio Leone, qui avait déjà pas mal déconstruit le genre. On sera donc un peu en peine si on cherche l'esthétisme avec ce Sabata italianissime : tout, de la musique tonitruante à la photo terne, du jeu d'acteurs qui ferait passer Jim Carrey pour Alain Cuny au montage bourrin, tout, absolument tout est moche. Est-ce à dire que c'est mauvais ? Non. Si vous voulez passer deux heures pétaradantes sans réfléchir une seule seconde, ce film est pour vous : il cherche à vous en mettre plein les mirettes, constamment, en surenchérissant toujours dans le côté plastique des corps touchés par des balles, des chutes de cheval, des cris d'oie à chaque impact, du côté pop et pulp de chaque scène. Et il y réussit fort bien, soyons honnête. Porté par un Lee Van Cliff très marrant dans ses postures de super-héros invincible, capable de vous décaniller toute une bande de hors-la-loi en un clin d'oeil, de tuer un mec dans son dos ou d'enfler tout le monde avec des reflets dans les miroirs, le film, criard et baroque, déploie sa trame-prétexte avec une santé de fer et une absence complète de scrupules.

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Soit donc Sabata, cow-boy solitaire et as de la gâchette, qui récupère en deux-deux un magot piqué à la banque voisine par une bande de marlous (non sans avoir dézingué toute la bande de marlous au passage). Oh le brave garçon. Sauf que, à la manière du Eastwood des grands jours, Sabata joue sur plusieurs tableaux, et à force de ruse, et bien aidé par ses deux co-équipiers (dont un trampoliniste complètement inutile mais bien spectaculaire quand il bondit de store de saloon en toit de prison), il va finir par obtenir encore plus de dollars que pour le hold-up lui-même. Bon, il aura quelques bâtons dans les roues quand même, en la personne d'un joueur de banjo ambigu qui pourrait bien savoir jouer autre chose que du banjo (un vrai bricoleur, le gars), ou une bande de hargneux méchants, notables véreux et gringos grimaçants, prêts à le cribler de plomb. On s'en fout un peu. Ce qui compte, c'est l'aura de Van Cliff, vrai badass à deux tranchants, et la somme d'actions d'éclat à laquelle il se livre, assassinant dans de grands yaaargh la majorité de la distribution et une bonne partie des comptoirs en cartons et des bouteille en mousse des saloons. Paroloni, aux abonnés absents de son côté, fait la sieste en cadrant très mal des scènes en scope, au cas où, en bâclant ses dialogues et en dirigeant ses acteurs au plus rapide, dans un flou complet de mise en scène. C'est un peu dommage : avec un gars un peu plus consciencieux, on aurait eu un post-western très fun, tout aussi con peut-être, mais en tout cas agréable pour les yeux. Là, c'est le minimum syndical : le moment est agréable, mais restera en mémoire le temps que se lève la fumée des colts.

Welcome to New West

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