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23 novembre 2021

L’Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask) de James Whale - 1939

Sans titre

James Whale est capable de faire d'autres films que ceux d'épouvante, il le prouve avec ce sympathique moment de cape et d'épées, qui ne changera pas votre vie mais vous fera passer un agréable petit moment dans la Cour de France. Vous connaissez l'histoire, sinon révisez, bande de moules, ou relisez Dumas, c'est mieux, ou sinon apprenez qu'il s'agit d'un malheureux incident survenu dans la couche de Louis XIII : tout heureux de la naissance de son fils, il est très vite accablé par la venue d'un jumeau inattendu. Il ne peut y avoir deux prétendants au trône, le bon monarque doit prendre la décision qui s'impose : abandonner l'un des deux frangins aux bons soins de D'Artagnan, le faire grandir dans l'ignorance de sa lignée, et privilégier l'autre en le ceignant de la couronne royale. Mais las, le frangin élu, devenu Louis XIV, s'avère être un beau salopard, despotique et cruel, alors que l'autre, Philippe, n'est que bonté et courage. Un coup du sort, bien amené par la rivalité entre Fouquet et Colbert, va provoquer la rencontre de nos frères ennemis, et pousser le plus méchant à faire enfermer le plus gentil à la Bastille, caché sous un masque de fer, cruel châtiment. Mais c'est sans compter sur la bravoure des quatre célèbres mousquetaires, les manigances politiciennes de Colbert, et le joli minois de Marie-Thérèse d'Autriche (qui en pince pour Philippe) ; tout ça va se régler à coups d'épée et les méchants, sans spoiler, seront défaits juste avant le "The End".

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Bon, c'est très plaisant, dynamique, lumineux, simple et naïf. Whale fait le taff, modestement, filmant ce qu'il y a à filmer sans aucune identité, aucun caractère, aucune idée. Ça pourrait être un défaut, mais dans ce type de produit de divertissement efficace et tonique, nul besoin d'en faire des tonnes. il suffit de laisser tourner et de faire confiance au glamour des comédiens, au talent des cascadeurs et au sex-appeal de l'actrice principale (Joan Bennett, pas la dernière de ce côté-là). Bon, c'est vrai que dès le premier combat à l'épée, on tique un peu : les acteurs manient l'arme blanche comme Maïté le rouleau à pâtisserie, c'est assez bourrin et pas très soigné. On repense au grand Erroll Flynn et on grimace devant ces combats réglés en 2 minutes, où on ne tremble jamais pour les héros. Il faut dire ce qui est : Whale n'est pas un génie de l'action, et même les scènes plus vastes, où tombent les figurants et où se cabrent les chevaux, manquent un peu d'entrain, faute peut-être à un montage pataud. Il faut attendre une bonne heure avant que n'arrive LA bonne idée visuelle du film : ce masque de fer, superbement dessiné, apporte une dimension expressionniste inattendue dans ce bazar, et nous fait retrouver enfin le James Whale qu'on aime. Au fur et à mesure qu'il s'assombrit, le film devient plus intéressant, il est même permis d'y voir des ponts avec l'actualité de l'époque (1939), et un beau discours sur l'altérité, sur le double, déjà très présent dans L'Homme invisible ou Frankenstein. Du coup, on se retrouve assez touché par ce film qui s'annonçait comme un simple amusement tonitruant, et on se retrouve devant une œuvre triste et belle sur la solitude et l'exil. Satisfaction, donc.

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