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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
13 novembre 2021

LIVRE : 24 fois la Vérité de Raphaël Meltz - 2021

9782370552822,0-7437876J'y vais décidément mollo en cette rentrée, lisant quelques gentilles petites babioles avant de m'attaquer à de plus gros poissons (s'ils existent encore). Meltz entreprend dans cet ouvrage d'alterner les passages sur son grand-père (une biographie à peine déguisée au demeurant), caméraman de l'ombre qui tourna essentiellement pour Pathé des actualités et une poignée de réalisateurs (quelques scènes mais au moins une célèbre) et les chapitres sur sa petite vie de journaliste (quand il ne joue pas à l'écrivain) en faisant généralement des piges pour des magazines (papier ou virtuelles) ayant trait aux nouvelles technologies ; il entretient également des relations avec quelques connaissances qui l'amènent à réfléchir, entre autres, sur la mort du cinéma ou de la littérature... Bien qu'il s'en défende à plusieurs endroits, il y a un petit côté "c'était mieux avant" dans lequel baigne méchamment l'ouvrage - on s'extasie volontiers sur le côté merveilleux des premières caméras à manivelle alors que l'on conchie les smartphones, genre - ce qui finit forcément par exaspérer... De plus, même si les discussions sur les positions de Godard quant à la mort du cinéma allument toujours en nous une petite lumière, ces infinis bavardages à deux qui tournent trop souvent en rond sur tel ou tel sujet ou les plaintes de ce journaliste sur le non-sens de ses piges ou sur ce petit milieu journalistique qui pisse des articles pour internet ou des revues spécialisées finissent par terriblement lasser - ce d'autant que le style reste un peu au ras des pâquerettes et que les "réflexions sur le fond" demeurent souvent bien naïves et guère originales... Bref. Du coup, on se raccroche à l'histoire de ce grand-père qui eut la chance d'assister à quelques moments "historiques" du vingtième siècle, qui eut le destin troublant de tourner avec Buñuel et Godard et qui surtout, en simple et humble professionnel qu'il fut, fut toujours passionné par les évolutions technologiques de son métier - jusqu'au début des années 70. Si les petits encarts de ce journaliste qui se rêve écrivain semblent souvent un peu futiles et attendus, la relation de cet ancêtre avec l'image est assez touchante, notamment lors de cet ultime épisode de sa vie (une projection d'une scène "fondatrice" 90 ans après son tournage - une scène d'une vie). Un tout petit livre sur le cinéma écrit malheureusement de façon bien molle, sur un ton qui plus est un peu trop mielleux et autocentré pour passer la barre - reste la trajectoire piquante d'un caméraman du XXème siècle.   (Shang - 29/08/21)


Nettement plus touché, moi, par ce petit livre effectivement sans esbroufe, mais qui, sous ses dehors de roman sans grande envergure, pose de sacrées belles questions sur le cinéma. En guise de questions naïves (c'est le terme de mon camarade), on trouvera là de profonds questionnements sur notre vision en noir et blanc du XXème siècle, sur l'immuabilité de l'image pellicule sur la réalité (et c'est le celluloïd et le marbre qui sont reconvoqués), sur l'artisanat opposé à l'art, sur la non-naissance possible du cinéma, sur sa mort, sur le numérique et les mutations techniques de la prise d'images... c'est tout de même pas si mal. Tout amoureux du cinéma devrait trouver son compte dans ces pages, qui, plutôt que de faire dans l'essai technique ou philosophique pesant, préfère raconter sa (ses) petite(s) histoire(s) de cinéma, mine de rien. Là où je rejoins mon collègue de jeu, c'est que, au niveau de l'écriture, on est dans le fonctionnel au mieux, dans le ras-la-moquette au pire. Mais au niveau du fond, je trouve ça sévère de juger cette belle posture à l'ancienne, cet amour fétichiste pour le matériel, l'objet, la technique, opposé aux enregistreurs d'aujourd'hui et au tout-cinéma, cette passion pour les petits films d'actualité, et cette belle pensée sur l'immortalité par le prisme de l'enregistrement, comme étant des questions rebattues et sans intérêt. L'alternance entre l'histoire de son grand-père, artisan resté dans l'ombre et heureux seulement quand il peut filmer le monde, et celle du narrateur, homme désabusé dépassé par le monde moderne, replié sur le passé, est très efficace pour donner au roman un petit côté mélancolique, nostalgique, qui marche très bien. Enfin, on ne saurait traiter par-dessus la jambe un roman qui parle du premier plan du Mépris, et la réhabilitation de son chef-op éphémère. Un très bon moment, doux et intelligent, motivant et divertissant.   (Gols - 13/11/21)

Commentaires
S
Ce ne sont pas les thèmes débattus qui sont naïfs mais les "réflexions", les idées qu'ils entraînent - pas de contre-sens, allons.
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