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24 mars 2021

SERIE : Mum saison 3 de Stefan Golaszewski - 2019

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Ah on aurait adoré que ça tienne, tout ça, qu'on ait droit jusqu'au bout à ce miraculeux équilibre entre humour et émotion, à ce jonglage infiniment délicat des sentiments, à ce ton d'une finesse sidérante. Mais voilà, il faut bien se rendre à l'évidence : Mum perd beaucoup dans sa saison 3. Je dois reconnaître que c'était pas facile. Golaszewski change un peu son principe sans toucher à l'ADN de la chose : la trame de cette nouvelle saison se déroule sur une semaine, et quitte la douillette maison de Cathy pour aller s'installer dans une propriété grand crin, louée pour l'occasion de l'anniversaire de Derek, le frère. Sinon, mêmes personnages (resserrés cette fois autour des 8 principaux), même musique, même petit ton drolatique. Sauf que les "aventures" de nos personnages (si on peut appeler aventures ces minuscules péripéties) se teintent cette fois-ci d'une profonde amertume, et que le regard des créateurs sur eux se fait plus dur, plus amer. Et on y perd au change. On ne cesse d'être un peu mal à l'aise devant cette noirceur à peine voilée que dégage subitement la série, qui était d'ordinaire légère et drôle malgré le fond tristounet : Michael, véritable souffre-fouleur du clan, devient de plus en plus pathétique dans ses manœuvres amoureuses ; le fils, qui apparaît de plus en plus comme un bourreau, devient railleur, vexant, égoïste ; le frère est gênant tant il est soumis, crétin et masochiste ; les deux vieux ne sont plus très drôles dans leur misanthropie ; et surtout Pauline, qu'on trouvait déjà trop caricaturale auparavant, en rajoute 7 couches sur son personnage, la rendant sorcière, sadique, méchante comme un pou. Les caractères, autrement dit, deviennent plus tranchés, alors que la série excellait à les rendre crédibles dans leur finesse et leur richesse. Le tout est là pour nous dévoiler le passé de Cathy, et surtout le caractère de ce fameux mari mort en début de saison 1 : un homme à l'ancienne, machiste, bête, sans attention pour sa femme, et ayant transformé son crétin de fils en un nid de préjugés sexistes. Autrement dit, ces personnages sont déplaisants, alors qu'on les aimait tant, et les petites vannes qu'ils balancent encore ici ou là ont fini d'être drôles : elles ne sont que le vernis qui cache névroses, humiliations, psychoses et tabous.

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Plus la saison avance, plus on se désole de voir les auteurs s'enfoncer dans cette voie-là. De temps en temps, ils retrouvent l'émotion des débuts, mais rarement, et, la main trop lourde, ils écrivent cette fois-ci au crayon gras. On ne croit plus aux réactions des personnages, que ce soit Derek qui recule pathétiquement le moment de faire l'amour à sa femme ou Kelly (le seul personnage qui reste attachant jusqu'à la fin, finalement) qui s'intéresse subitement à lui, que ce soit Cathy qui subit sans (presque) jamais broncher les moqueries et insultes des autres ou Michael qui ne parvient toujours pas à assumer son amour. Dans les dernières secondes, on n'est même pas soulagé de voir enfin la situation amoureuse se dénouer : toute la série tendait vers ça depuis le début, et ce moment n'est même pas un sommet. Parce que ça fait un bout de temps que les personnages ne nous intéressent plus, confinés dans les réactions mesquines face à tout, et raillés par les auteurs qui ne les aiment pas plus que nous au final. Ce texte est à la hauteur de ma déception. Mum nous aura offert deux saisons miraculeuses et une déplaisante. C'est toujours ça de pris.

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